Le collège de Mgombani a lancé une expérience originale pour apprendre le français à des élèves de 6e en grande difficulté : associer les cours avec la réalisation de programmes de radio. Ludique et efficace à plus d’un titre.
«Mgombaniouz, c’est vous. Mgombaniouz, c’est nous !» C’est avec ce jingle que des élèves du collège de Mgombani vous accueillent sur leur page soundcloud, une banque de petits programmes radio en ligne. Depuis le mois de janvier, ils préparent des sujets, les enregistrent et Dimitri Gueskine, leur professeur, assure le montage et la mise en ligne.
Cette semaine, Zaïnoun, Rafiki, Milna et les autres, ont ainsi pu écouter le montage du reportage sur lequel ils ont travaillé avant les vacances, 13 minutes sur l’opération Mgombani propre, à entendre ci-dessous :
Ces élèves sont tous en 6e et bénéficient du dispositif d’accompagnement personnalisé (DAP) mis en place par le vice-rectorat. A côté des cours traditionnels, ils suivent des sessions de français intensives car le point commun de tous ces élèves est d’être en très grande difficulté scolaire, avec un niveau d’écriture et de compréhension du français très faible. Ils ont donc intégré un des quatre niveaux DAP, le premier rassemblant ceux qui découvrent la langue et le quatrième avec des élèves qui vont rapidement pouvoir rejoindre le cursus scolaire classique.
Un problème de confiance
A l’origine de l’expérience radio se trouve Dimitri Gueskine, un jeune belge qui a intégré l’établissement au mois de janvier. Trompettiste et animateur radio en Belgique, il connaît les nombreux atouts de ce média pour s’approprier une langue. «La plupart des enfants n’ont jamais entendu leur voix enregistrée. Ils parlent souvent très doucement parce que leur méconnaissance du français crée un gros problème de confiance. Avec le micro, on essaie de dépasser ces complexes.»
Apprendre à articuler, à poser sa voix ou à faire des pauses pour respirer, «la radio est vraiment un outil très efficace pour apprendre le rythme d’une langue».
Les élèves de Dimitri travaillent sur un sujet unique avec d’autres enseignants de l’établissement. Avec le prof de français, ils vont construire les phrases et s’approprier le vocabulaire. Avec les profs des DAP, ils vont apprendre à les déclamer et à se les approprier. Viennent ensuite les sessions de deux heures hebdomadaires de radio, le petit plus qui les motive.
Leur programme en CD
Les premiers reportages étaient très courts mais, au fil du temps, ils se sont étoffés pour atteindre 13 minutes. «Avec Mgombaniouz, on n’est pas là pour leur apprendre quoi dire mais comment le dire», rajoute Dimitri Gueskine, très attaché au concept d’éducation permanente.
Cette semaine, la classe a travaillé sur le code de la route : passages piéton, voiture, moto, trottoir, ils se sont appropriés de nouveaux mots et de nouveaux concepts. Milna tient le micro pendant que Rafiki lit la phrase écrite sur le tableau : «Le passage piéton, c’est pour traverser la route.» Ce petit sujet radio, comme les autres, ils l’emporteront à la fin de l’année sur un CD qu’ils pourront écouter et faire écouter à la maison. Pour ces enfants, enfin un motif de fierté.
RR
Le Journal de Mayotte
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