Seul sur l’île. C’est ainsi que se retrouvait le dernier des artisans d’art du territoire, après le départ de deux créateurs. Et les voilà désormais sept à porter fièrement ce titre venant attester de leurs compétences de haute-volée comme de leur créativité. Si le contingent reste pour le moins restreint au regard des autres départements, brodeuse, tourneuse sur bois, photographe technicien, marqueteur, modéliste ou encore bijoutier en métaux précieux se voient également attribuer la mission « de faire rayonner le territoire », mais aussi de servir d’exemple pour la jeunesse.
C’est en tout cas le rôle que leur assigne le président de la CMA, Salim Soumaila. Lequel n’est d’ailleurs pas passé par quatre chemins, lors de cette cérémonie, pour expliquer les difficultés du secteur. « Malgré nos efforts, il reste très difficile d’intégrer les artisans dans un cadre normé, notamment parce que beaucoup d’acteurs publics qui font appel à leur
travail sont très peu regardants là-dessus, bien au contraire », a-t-il ainsi lancé. Alors, pour « structurer, faire monter en compétence nos petits artisans » dans l’espoir qu’ils puissent à leur tour décrocher ce titre, le président appelle les maires à mettre la main à l’ouvrage en participant à la part salariale des apprentis pour les ateliers de leurs territoires, par exemple.
Transmettre et susciter des vocations
Voilà pour le volet « politique », malgré la période de réserve dans laquelle est entrée la CMA à l’approche des élections. Et place donc à la remise des titres, laquelle intervient après candidature des artisans et décision d’une commission veillant à la satisfaction de « différents critères très codifiés », rappelle le directeur de la CMA, Jean-Denis Larroze, infatigable maître de cérémonie ce jeudi. À l’occasion d’une courte vidéo présentant chacun des nouveaux artisans d’art ou lors de leurs brefs mots de remerciements, tous ont rappelé leur fierté d’appartenir à la très sélective guilde. La consécration d’années de travail dans une démarche risquée. « Être artisan d’art, c’est être apprenti tous les jours, c’est se mettre en difficulté pour sans cesse progresser », fait ainsi valoir Marlène Fraytag, lauréate
en tant que tourneuse sur bois. Tous ont également insisté sur leur envie de montrer l’exemple, de transmettre, à l’image de la modéliste Moinécha Hariti : « tout ça permet de montrer que l’on peut réussir dans l’artisanat, on peut devenir une référence à travers un métier qui apporte de la reconnaissance ».
« La transmission est une part essentielle de notre travail, chacun de nous garde un souvenir très fort de celui qui l’a formé, c’est à partir de là que nous avons eu les armes pour ensuite affirmer notre identité », estime à l’abri des micros le célèbre Ali Assani M’Colo, sculpteur et désormais artisan d’art en marqueterie. Se rappeler d’où l’on vient pour savoir où l’on va donc, la formule est bien connue mais peine à se matérialiser comme le regrette le sculpteur. « Très peu des savoirs-faire comme les chapeaux de Sada restent, il n’y a personne pour prendre la relève, c’est triste. Moi-même j’ai beaucoup de mal à trouver des jeunes motivés, passionnés ». D’où l’intérêt que le club des sept montre l’exemple pour susciter des vocations. Tout un art.
G.M.
Les six nouveaux artisans d’art et leur catégorie :
- Halima Andjilani, brodeuse à l’aiguille
- Abdulahi Ali Mari, photographe technicien
- Marlène Fraytag, tourneuse sur bois
- Ali Assani M’Colo, marqueteur
- Moinécha Hariti, modéliste
- Farsi Saïd Mado, bijoutier en métaux précieux