Transporteurs scolaires et collectifs : quelle meilleure lutte contre l’insécurité ?

Les vitres des bus qui volent en éclat et les agressions nuits et jour contre les habitants, non, karivendze (nous n’en voulons plus). En réponse, une fois de plus, les barrages ont fait leur apparition, dont on sait qu’ils ont fait plus de mal que de bien. La population doit se réinventer en se donnant des objectifs précis à atteindre, et en se demandant comment les atteindre.

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Les barrages se trompent de cible en s'attaquant à la partie de la population travailleuse

Pour tous les candidats au Grand Oral du bac en France, le compte à rebours est lancé. « Il n’y a pas de piège », rassure le ministre de l’Education Nationale à Paris. A Mayotte, le piège, ce serait de ne pas avoir de transport pour se rendre dans le centre d’examen. De nouveau inégalitaire pour les élèves du territoire. Une échéance saisie par les transporteurs scolaires pour manifester leur ras-le-bol. Les bus caillassés, les élèves blessés, les chauffeurs choqués, un état des lieux catastrophique.

Les revendications de FO Transports ne portaient plus tant sur la demande de forces de l’ordre supplémentaires que sur les suites judiciaires à donner aux jeunes voyous et à leurs parents.

Leur mouvement prévu comme illimité se double d’une action des collectifs du Centre qui ont érigé des barrages ces lundi et mardi, isolant cette partie de l’île du reste de la population. Si le fond du combat est juste, la forme est biaisée. La population ne peut qu’adhérer à toute manifestation contre l’insécurité. Elle la vit au quotidien, beaucoup n’osent pas sortir le soir. Mais le faire sous forme de barrage, c’est rajouter de la violence, et montrer un mauvais exemple aux jeunes, en s’en prenant encore une fois à cette partie de la population travailleuse, et du côté des transporteurs scolaires, sa forme atteint la partie de la jeunesse qui veut s’en sortir et grimper l’échelle sociale en passant ses examens.

Les « parents relais » agissent en proximité avec la population

Des solutions existent

Comment revendiquer sans donner raison aux caillasseurs en bloquant l’activité de l’île, c’est le défi auquel il faut répondre. On a vu ce lundi les élus du Centre impliquer les habitants qui couvrent les familles des délinquants. Même si la parole est délicate, c’est une première chez les élus, qui, jusqu’à présent, pointaient uniquement la responsabilité de l’Etat.

Les plus de 40 jours de mobilisation contre l’insécurité en 2018 n’ont pas vu d’amélioration de la situation. Il faut donc réinventer la mobilisation et la revendication contre l’insécurité en fonction des cibles choisies. La première, c’est le nombre de forces de l’ordre à renforcer sur ce territoire où la moitié de la population est très jeune et où beaucoup sont exclus de la vie sociale. Une compétence de l’Etat. La seconde c’est la prise en compte des jeunes agresseurs. Si l’insertion est la meilleure des pistes, les transporteurs et la population ont besoin d’un traitement en urgence pour pouvoir circuler sans crainte.

Une solution a marché et marche encore sur les zones de l’île où elle est mise en place, c’est la proximité. Les parents relais, les gilets jaunes, tous ces habitants qui assurent une surveillance de leurs quartiers, sont présents sur Majikavo par exemple. Mettre son énergie à créer ces associations plutôt qu’à ériger des barrages mérite réflexion.

On attend aussi toujours des élus qu’ils prouvent qu’ils sont concernés par cette situation et se posent en guide pour la population, campagne ou pas campagne, avec des propositions. Une petite prise de parole vaudrait tous les actuels grands discours angéliques.

Anne Perzo-Lafond

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