Ce n’est pas la première fois que le directeur général de la compagnie régionale Ewa Air, filiale du groupe Air Austral, basée à Mayotte, ronge son frein depuis le début de la crise Covid qui dégénère en crise économique notamment pour l’aérien. « Je suis comme sœur Anne, je ne vois rien venir », plaisante-t-il.
Plus exactement, il connaît les enjeux et attend une décision du préfet Jean-François Colombet sur la base d’assurance que pourraient fournir les dirigeants comoriens: « Il y a des divergences sur le protocole sanitaire à respecter ». Comme tout au long de la crise, les avions peuvent décoller pour Moroni avec des voyageurs au départ de Mayotte, mais reviendraient à vide, hormis les ressortissants franco-comoriens. Ce qui n’est pas viable.
Le vaccin Sinopharm envoyé par la Chine et utilisé aux Comores ne serait pas homologué par l’Union Européenne, et face à l’incertitude de la situation sanitaire dans l’archipel voisin,le débat porte sur le type de tests exigés, antigéniques ou PCR. « En conséquence, nous n’avons pas eu de feu vert pour desservir Moroni. »
D’autre part, la clientèle est prudente, « j’aurais bien envie de partir pour Anjouan en passant par Moroni, mais je ne veux pas prendre le risque d’être coincée là-bas ensuite », nous explique une native. Beaucoup de ressortissants français habitants Mayotte ont en effet été surpris de l’arrêt des vols pendant les dernières vacances et demandaient à être rapatriés.
Résultat de l’arrêt prolongé, l’équipage est en chomage technique : « En tout, j’ai 25 personnels en chômage technique à 100%, et 10 mécano à 50% », rapporte encore le directeur. Les vols n’ont pas encore repris non plus vers le Kenya, clouant les avions de la petite compagnie au sol.
A.P-L.