Comme souvent en politique, les pronostics se défont à l’entrée des isoloirs. Issa Issa Abdou et sa binôme Inaya Salimini l’auront vécu à leurs dépens ce dimanche soir. Le poulain du président sortant Soibahadine Ibrahim Ramadani pourtant déjà évoqué comme potentiel chef de l’exécutif départemental n’aura pas su l’emporter à Dembéni face à Zamimou Ahamadi et Madi Moussa Velou. Lesquels forment d’ailleurs l’un des trois binômes rescapés de la vague qui a emporté six des neuf candidatures LR. Une vague qu’auront fièrement bravée Abdoul Kamardine et Zouhourya Mouayad Ben avec la plus nette victoire de la soirée (60,9% des voix selon les estimations de Mayotte la 1ère).
Mais c’est aussi le député Mansour Kamardine, accompagné de Tahamida Ibrahim qui auront fait face au large mouvement de renouvellement qui a marqué ces élections. Fort de 40 années de politique, le parlementaire résiste donc, malgré « les puissances de l’argent »
qui se seraient alliées contre lui durant la campagne de l’entre-deux tours comme il l’a dénoncé face aux caméras de Mayotte la 1ère. Un mot qui fait bondir, à commencer par Ben Issa Ousseni, vice-président aux finances sortant et seul conseiller de la majorité réélu. Vainqueur de la triangulaire de Tsingoni aux côtés de Zaounaki Saindou, le voilà ainsi déterminé à batailler ferme contre Mansour Kamardine pour obtenir le siège de président du conseil départemental.
Accusations de fraude
Reste que les deux candidats déclarés vont devoir aller à l’encontre du « dégagisme » qui s’est exprimé dans les urnes et qui a porté les nouveaux conseillers. Nouveaux, tous ? Non, Daniel Zaïdani et sa collègue Soihirat El Hadad l’emportent à Pamandzi. Et s’il reste encore discret sur ce plan, c’est un secret de polichinelle que l’ancien président du conseil départemental convoite à nouveau le siège. À l’inverse des deux autres candidats déclarés, il pourra cependant rappeler avoir été dans l’opposition durant la mandature qui se ferme.
Dernier habitué de l’hémicycle Younoussa Bamana, Alain Sarment est élu à Bandraboua
accompagné de Nadjima Saïd. Pour le reste, place aux nouveaux, à l’image du duo formé par Hélène Pollozec et Nadjayedine Sidi dans le canton de Mamoudzou 3. L’enfant de Kawéni vient ainsi montrer que ces élections ont favorisé les personnalités aux partis, excluant par exemple les LR du chef-lieu pourtant tenu par une mairie de ce parti.
Les élections sont-elles pour autant figées ? C’est ce que laissent se demander les diverses accusations de fraude qui ont maillé la soirée électorale de ce dimanche. Bourrage d’urne, fraude aux procurations, achats de vote… Les termes sont graves et pourraient avoir de lourdes conséquences si la justice venait à les avérer. Reste à savoir si l’on assiste là aux règlements de compte de dernière minute ou si des plaintes seront réellement déposées. Quoiqu’il en soit, entre la bataille pour la présidence et ces potentielles procédures, les départementales n’ont pas encore révélé toutes leurs surprises.
G.M