CARNET DE JUSTICE DU JDM. Des faits de racket sont régulièrement rapportés aux abords des collèges et des lycées de Mayotte. Mais il est assez rare que ces affaires se retrouvent examinées par un tribunal. Cette fois pourtant, une victime et les auteurs présumés sont clairement identifiés. C’est donc une histoire banale à Mayotte qui était jugée ce mercredi matin, une histoire qui raconte les petites extorsions quotidiennes à proximité des établissements scolaires.
La scène se passe à Sada, le 2 octobre 2013, vers 15h30. Deux jeunes adultes sont assis pas très loin du collège. Arrive alors un adolescent, qui connait les deux hommes mais l’échange n’est pas particulièrement cordial. Le jeune, de sept ans leur cadet, est sommé de donner la bague qu’il porte glissée dans une chaînette autour du cou. Il doit ensuite donner son bonnet. C’est alors qu’une voiture s’arrête à proximité avec à bord le principal du collège. Il est inquiet de voir un de ses élèves aux prises avec deux plus grands.
Des jeunes adultes déjà connus
La chaîne, la bague et le bonnet sont alors restitués au collégien, «c’était juste pour les essayer», expliquent alors les majeurs. De quoi laisser perplexe le principal d’autant que leur victime qui s’éloigne part se réfugier dans une école où travaille sa tante. Le soir, il informe son père qui souhaite régler le problème à l’amiable en rencontrant la famille des deux jeunes hommes. Il n’y parviendra pas. C’est donc à la barre qu’ils doivent s’expliquer.
Les deux racketteurs présumés sont déjà connus du parquet, ils ont été condamnés par la justice des mineurs. Le premier, absent à l’audience, a un mois de prison avec sursis inscrit sur son casier judiciaire pour vol avec violence et vol en réunion.
Le second, debout à la barre ce mercredi matin, a deux condamnations à son actif, pour violence sur représentant de l’autorité publique, il s’en était pris au principal après une intrusion dans le collège. «Ils se font appeler les Jamaïcains», explique le proviseur aux gendarmes.
Les victimes n’ont pas le choix
«Comment ça s’appelle quand on est deux adultes et qu’on fait la sortie du collège pour demander des bagues ou des bonnets ?», demande la présidente Piazza.
-Du racket mais je n’étais pas là pour racketter, précise le prévenu
-Mais est-ce que les élèves ont le choix ?
-Non
-Si on inverse les rôles. Imaginez que des grands costauds vous demandent la bague ou le chapeau, vous leur donnez ?
-Oui, pour éviter les coups
-Et voilà ! La victime n’a pas le choix, conclut la présidente.
Pour la cour, le plus désolant est que ces jeunes n’ont tiré aucune leçon des avertissements de leurs précédentes condamnations. Le majeur présent à l’audience semble pourtant engagé sur la bonne voie. Il suit des études agricoles et semble plutôt bien s’en sortir.
«Vous risquez 10 ans de prison, ce sont des faits graves qui vous sont reprochés», précise la procureure. La plaidoirie de Me Andjilani pour démontrer que son client n’est pas un voyou n’y fera rien.
Le jeune homme présent à l’audience est condamné à 2 mois de prison ferme. Son ami et complice, qui ne s’est pas déplacé, écope de 4 mois ferme.
RR
Le Journal de Mayotte