« L’une des missions de la permanence architecturale est de développer une filière bambou à Mayotte », annonce Sandra Mesa, l’architecte co-gérante du cabinet Endemik Mayotte. Chargé de travailler sur le projet du nouveau lycée de Chirongui, ce cabinet local travaille en collaboration avec les cabinets métropolitains Dietrich Untertrifaller et Fabienne Bulle. La phase de conception a débuté en janvier 2021 et le nouveau lycée « Tani Malandi » devrait sortir de terre en janvier 2026. Conçu pour accueillir 2500 élèves, il regroupera le lycée actuel et la section professionnelle « dans l’optique de mélanger les élèves pour éviter les conflits », précise Sandra Mesa.
Le rectorat souhaite que ce nouveau lycée soit conçu pour s’intégrer parfaitement à son environnement dans une optique de développement durable. Il doit donc être à la fois moderne et local. Sa construction intègre des matériaux locaux comme la brique de terre compressée, le bois et le béton recyclé. Mais la grande nouveauté de ce projet est l’utilisation du bambou en brise-soleil. Le rectorat a même demandé au cabinet Endemik de monter une permanence architecturale pour informer la population des avancées du projet, mais également pour lui faire découvrir ou redécouvrir le bambou, une ressource locale pour le moment peu utilisée et victime de nombreux préjugés.
Valoriser et développer le bambou à Mayotte
« A Mayotte, le bambou est considéré comme « le matériau du pauvre » car il était traditionnellement utilisé pour construire des bangas ou des clôtures », explique Sandra Mesa. « Chez les mzoungous, il est associé à l’exotisme et aux voyages. Le but est de casser ces mythes et de présenter à toutes les communautés présentes sur le territoire ce qu’est réellement le bambou et l’utilisation qu’on peut en faire », poursuit l’architecte. C’est dans ce cadre qu’a été organisée l’expo-photo de la permanence, premier évènement d’une série destinée à présenter les étapes constituantes de la réalisation du projet. Réalisée en partenariat avec Eight Studio, elle présentera une 20aine de photos de 4 photographes différents.
Le bambou servira à « habiller » les façades du futur lycée afin qu’il fasse moins chaud dans ses pièces. Pour cela, 7800 bambous seront nécessaires. Ressource locale abondante, cette herbe géante semble être, de l’avis des architectes, une solution à la problématique liée à l’importation de matériaux sur l’île. Mais étant peu utilisé sur l’île, le bambou suscite encore de nombreuses questions notamment sur ses propriétés et son entretien. Dans un premier temps, le bureau d’études Gaujard a été mandaté par l’association BAM (Bambous à Mayotte) pour recenser les espèces, leur nombre et leur densité. Les résultats seront connus d’ici la fin de ce mois de septembre.
Nora Godeau