Constructions scolaires : seules 23% des classes programmées sur 4 ans ont été livrées

Répondant à une question du député Mansour Kamardine, la secrétaire d'Etat à l'éducation prioritaire détaille les besoins en salles de classe dans le 1er degré à Mayotte : 857 classes nouvelles et 1.000 rénovations. On est loin du compte, alors que les maires qui en ont la compétence, sont appuyés par la DEAL.

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jean-Michel Blanquer, Mayotte, Kamardine
Certaines écoles comme ici Koungou Maraîcher, ont connu de longues périodes de déboires avant de sortir de terre

Profitant d’une séance de questions au gouvernement, le député Mansour Kamardine a interpellé la secrétaire d’Etat à l’Education prioritaire sur le déficit en salles de classe, évoqué encore récemment par le secrétaire départemental du FSU SNUipp. Si le sujet s’adresse davantage au ministre lui-même, il impacte malgré tout l’éducation prioritaire, « qui ne peut être déployée de manière satisfaisante sans une capacité d’accueil suffisante », indique Nathalie Élimas, qui n’avait pu se rendre à Mayotte comme annoncé le mois dernier.

Dans sa réponse, elle rappelle que le territoire bénéficie de moyens renforcés , toutes ses écoles et ses collèges étant en éducation prioritaire (REP). Malgré les sureffectifs, la mesure nationale du dédoublement des CP et CE1 a bien été appliquée, on l’a vu avec quelques dépassements parfois, et deux ménagements possibles, le co-enseignement (une classe de CP et de CE1 de 12 chacun se partage la salle) ou la classe en solo. Le décompte est précis : « Sur 506 CP, 256 sont en co-enseignement et 250 en solo. Sur 503 CE1, 321 sont en duo, 182 en solo. » Avec une formation spécifique des enseignants au plurilinguisme (formation ‘Maguy’) comme en Guyane.

Le tableau des programmations/réalisations livré par le ministre

En matière de constructions, on ne sait plus à quel plan se vouer. Le ministère de l’Education nationale fait le point sur les millions disponibles : « Le ‘plan de développement de Mayotte pour améliorer le quotidien des mahorais’ présenté en 2018, prévoit un engagement de l’État de 500 M€ d’investissement dans les constructions scolaires du 1er et du 2nd degrés, soit le double du montant décidé pour la période 2012-2017. Par ailleurs, le contrat de convergence et de transformation (CCT), signé le 8 juillet 2019, prévoit, pour le 1er degré, la livraison d’ici 2022, de 232 classes afin de réduire le taux de rotation dans les communes où la situation est la plus tendue, et améliorer ainsi le taux de scolarisation des élèves dès 3 ans. » La rénovation de 537 classes existantes y est également inscrite. Conséquent, mais de toute évidence, cela ne suit pas.

Grenelle de l'Education, Jean-Michel Blanquer, Mayotte, rectorat
Jean-Michel Blanquer échangeait avec des élèves lors de son passage à Mayotte en août 2018 (Photo : JDM)

Des solutions adaptées aux DOM

La ministre rappelle les défis énormes, « la progression des effectifs scolaires entre 2017 et 2027 sera de l’ordre de 12 300 élèves, + 23 %, générant un besoin de constructions à 10 ans de 857 classes nouvelles et à la rénovation de 1.000 classes existantes pour le 1er degré », rajoutant que, « les écarts entre la programmation des constructions et les ouvertures de classes ne peuvent être résorbés qu’à moyen terme ». Pour rappel, ce sont les maires qui ont la compétence de constructions scolaires, mais ils sont « assistés par la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DEAL) placée sous l’autorité du préfet du département », pour « apporter son expertise aux communes dans le cadre de l’assistance à la maîtrise d’ouvrage pour les constructions scolaires du 1er degré ».

Mais de toute évidence, le binôme ne fonctionne pas, puisque, le ministère rapporte un écart constaté par le recteur de Mayotte sur « l’écart entre la programmation des ouvertures de classe dans le 1er degré et la livraison : pour 286 salles neuves programmées au cours de la période 2014-2018, 67 ont été livrées soit un taux de réalisation de 23 % ».

Enfin, le ministre Jean-Michel Blanquer annonce le lancement d’un groupe de travail spécifique aux départements d’Outre-mer « afin d’aller vers davantage de différenciation et trouver des solutions plus adaptées à la réalité de chacun de ces territoires ».
A.P-L.

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