Promouvoir une médecine de qualité est un exercice difficile sur notre île où les moyens manquent. C’est malgré tout l’objet de la formation en Recherche Clinique et Épidémiologique qui vient de se terminer.
Dix professionnels du domaine médical viennent de suivre la première formation en recherche clinique et épidémiologie à Mayotte. Les exigences en matière de qualité de soins ne vont pas souvent de pair avec la restrictions des moyens.
Et c’est pourtant le quotidien de nombreux médecins, sage femmes, infirmier(e)s dans notre région : à Mayotte ou en Union des Comores, ces professionnels sont souvent démunis coincés entre l’idée qu’ils se font de leur métier et des moyens dont ils disposent. C’est le cas par exemple pour les urgences du CHM de Mayotte, « les patients y restent plus longtemps qu’il ne faudrait par manque de lits dans les services », glisse un des infirmiers formés.
La formation s’est déroulée pendant 7 jours en février et en avril à Mayotte, « une formation de proximité qui réduit les frais financiers d’un déplacement et qui permet l’accès au plus grand nombre. C’est le même principe qu’une assistance médicale de proximité », déclare le docteur Laurent Bayonne, gynécologue au CHM et médecin chef de la circonscription chargé de la promotion de la santé.
C’est l’association européenne des formations et d’assistance médicales de proximité qu’il représente, sous l’égide du conseil général, qui a mis en place cette action.
Miroir, mon beau miroir…
Un partenariat a été noué avec Montpellier-Nîmes qui a envoyé 6 enseignants au cours des deux séminaires.
Roxane Schaub, médecin santé publique au CHU et à l’université de Montpellier, et Audrey Jaussent, biostatisticienne au département d’information médicale du même CHU, étaient d’ailleurs sur l’île vendredi dernier pour assurer les sessions d’examens qui se sont déroulées en simultané avec Nîmes. «Des candidats très assidus, on sent une forte envie d’avancer », témoignent les deux jeunes femmes.
C’est le cas d’Abdou Chacour Ahmed, gynécologue au centre hospitalier de Moroni (Grande Comore) : « c’est une formation qui appelle à une remise en cause de notre travail quotidien et qui induit une meilleure organisation professionnelle. »
Il indique vouloir mettre en place une cellule chargée de recueillir et d’analyser tous les types de situations auxquelles il est confronté tant dans son cabinet privé que dans son service hospitalier, « pour analyser les résultats obtenus en lien avec ce qui est prescrit. Nous allons construire un miroir dans lequel nous pourrons nous regarder. »
Pour Bernard Glouche, infirmier aux urgences psychiatriques du centre hospitalier de Mamoudzou, c’est un protocole rigoureux qui permettra de traduire les manques par des chiffres précis.
Des difficultés conceptualisées qui pourront permettre de dénoncer des insuffisances, mais dont on sait qu’en réponse, les moyens financiers et humains ne suivront pas toujours.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte