Accidents du travail: les insuffisances touchent même les médecins

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L’annuel Séminaire sur la santé et la sécurité au travail dans la fonction publique se tenait durant deux jours à Combani. Une implication des élus devient urgente, surtout au niveau médical.

Mdere Sulliman, Abdallah Houssamoudine et Paul Idris
Mdere Sulliman, Abdallah Houssamoudine et Paul Idris

Pour la 3ème année, la délégation régionale du CNFPT Mayotte, en collaboration avec le Conseil général de Mayotte, le centre de gestion de Mayotte et la caisse d’assurance maladie (CSSM), organisait un séminaire sur les collectivités territoriales et la santé-sécurité au travail.

La thématique retenue cette année, « la prévention et la déclaration des accidents du travail », était déclinée autour de deux ateliers qui se sont tenus mardi 10 juin : « Gestion d’un accident grave par la collectivité et rôle de l’ergonomie dans la prévention », par Paul Idris, Responsable du service santé et ergonomie de la  ville de Créteil, et « La déclaration des accidents de travail, quels enjeux ? », animé par Abdallah Houssamoudine, directeur du centre de gestion de Mayotte et présenté par Kamal Ibrahim, CSSM qui intervenait sur la liquidation et la réparation des accidents.

Ce mercredi, les débats se poursuivaient avec une table ronde sur « La responsabilité des élus et cadres dans la déclaration et la préventions des accidents », menée par le docteur Abaine. Un échange qui perdait en pertinence, les élus et cadres des collectivités n’étant pas présents à ces deux jours de formation auxquels ont assisté les agents en charge de la prévention.

Des soins gratuits

Il faut d’abord souligner qu’à Mayotte, il n’existe pas de statistique d’accidentologie au travail, « 40 ont été enregistrés sur l’année 2013 par la CSSM », indiquait Aïna Salim, présidente de l’association des directions des ressources humaines. Mais beaucoup ne sont pas signalés.

Pour qu’ils le soient, il faudrait que la collectivité qui emploie l’agent accidenté, ait adhérée à assurance-groupe pour un remboursement des frais médicaux avancés, « mais à Mayotte, elles n’en voient pas l’utilité étant donné que les soins au CHM sont gratuits », fait remarquer un intervenant. La culture du risque n’est donc pas prise en compte. « Comment sensibiliser les élus alors que les collectivités ont des problèmes financiers ? » La question s’est posée lors du 1er atelier.

Pour éviter les accidents, deux courants se complètent : l’anglophone «human factor», s’oriente vers une amélioration de l’équipement, alors que le français adapte le travail à l’utilisateur avec un sigle qui résume les quatre piliers de la prévention : ITMaMi, l’Individu, la Tâche, le Matériel et le Milieu concerné.

Les médecins pas payés
Table ronde
Et pour gérer un accident grave, les collectivités ont des outils. L’un d’entre eux s’appelle « arbre de causes », « on part de l’accident pour remonter vers les causes, comme un rembobinage ».

Un exemple était donné par Paul Idris : « un agent s’est cassé la rotule avec une tondeuse. On remonte le fil des évènements pour s’apercevoir que le carter s’est sorti, parce qu’il avait été modifié à la suite de l’intervention d’une équipe ». La chaîne des responsabilités est remontée «pour identifier bien souvent un problème organisationnel». Une procédure qui est actuellement mise en place pour l’accident mortel qui a touché un agent du Conseil général au gymnase de Cavani le mois dernier.

Laurence Sturm, conseillère prévention au Conseil général de l'Aube
Laurence Sturm, conseillère prévention au Conseil général de l’Aube

Une bonne organisation du travail est donc la première des préventions des risques. Mais l’agent qui en a la charge, le « préventeur », doit parvenir à sensibiliser l’élu décideur. Une réussite au Service des Transports maritimes (STM) du CG à la procédure de déclaration rodée.

Mais une procédure qui va bientôt achopper : les médecins du Comité médical chargés de donner leur avis sur les questions médicales concernant les fonctionnaires ne sont pas payés par les collectivités. « Ils veulent arrêter ! », déclare le docteur Abaine. Le Centre de gestion qui avait avancé les fonds attend un remboursement de 50.000 euros…

La prévention des risques s’avère donc une culture à faire émerger à Mayotte. Pour y aider, chaque participant a pris l’engagement de rendre compte de ce séminaire à sa hiérarchie.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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