Mayotte est sale mais ce n’est pas notre faute !

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Les résultats du 2e baromètre des déchets de Mayotte vient d’être publié. Nous ressentons plus fortement l’état de saleté de notre département mais nous ne nous en sentons pas responsablse. Incohérent ? Pas sûr.

La mangrove de Mtsapéré n'est plus qu'une immense décharge
La mangrove de Mtsapéré n’est plus qu’une immense décharge

Pour la 2e année consécutive, le cabinet Insidens a demandé aux Mahorais ce qu’ils pensent de la gestion et du traitement des déchets à Mayotte.
Clairement, nous sommes beaucoup plus critiques sur le niveau de propreté du territoire que l’an dernier. 80 % des citoyens interrogés jugent que l’ensemble des communes est « sale », contre seulement 55 % en 2013. Le cabinet Insidens attribue ce changement notable aux nombreuses communications sur les déchets qui ont été réalisés dans le courant de l’année écoulée. On pourrait probablement y ajouter la campagne des élections municipales où le thème s’est imposé dans plusieurs communes comme Sada ou Bandrélé.

Le plus frappant est que cette prise de conscience concerne absolument tous lieux, de sa propre rue jugée sale à 64%, jusqu’aux plages qui ne sont propres que pour 19% des sondés.

Une très mauvaise note pour la gestion des déchets

Pour autant, une distinction est à faire en fonction de l’endroit où on habite. «81 % des habitants de Mamoudzou sont insatisfaits du niveau de propreté, contre 56 % à Petite Terre et 71 % dans les autres communes», relève l’étude.

En 2014, les Mahorais attribuent une très mauvaise note à la gestion des déchets : une moyenne de 3,02/10 contre 3,3/10 l’an dernier. Nous sommes 82% à juger la fréquence de ramassage des déchets trop faible, contre 68% en 2013.
Pour le cabinet Insidens, «en dépit des efforts des pouvoirs publics, les habitants de Mayotte ne perçoivent pas encore d’amélioration quant à la gestion des déchets»… Peut-être est-ce parce que dans beaucoup de communes, la gestion de la propreté de l’espace public était jusqu’à présent tout simplement inexistante.

Baromètre des déchetsLa faute aux collectivités !

Pour autant, nous sentons-nous directement impliqués dans ce problème de propreté de notre département ? Pas vraiment si on en croit l’étude. Quand Insidens demande les causes du manque de propreté, 53% des sondés pointent du doigt les difficultés de collectivités, 35% les empêchements des syndicats de collecte… et seulement 12% les comportements individuels des habitants.

Autrement dit, Mayotte est sale non pas parce que nous jetons nos déchets n’importe où mais parce les pouvoirs publics ne les ramassent pas ! Il semble donc que tout soit encore à faire en matière de sensibilisation citoyenne, d’ailleurs seuls 35% de l’échantillon affirme être bien informé sur les déchets.

Opération de ramassage des déchets "historiques" à Chiconi fin juillet
Opération de ramassage des déchets « historiques » à Chiconi fin juillet

Les choses changent

Enfin quelques bonnes nouvelles tout de même. Nous sommes 54% à penser que «la gestion des déchets sur l’île est en train de changer». Et concernant le tri sélectif, 57 % du panel déclare utiliser majoritairement les Tri-O pour le verre, le plastique et l’acier.

Il semble donc que nous devenions beaucoup plus exigeants sur l’état de notre département, un sentiment qui ne manquera sûrement pas de se renforcer : l’étude a en effet été réalisée alors que nous n’avions pas encore payé d’impôts locaux… Sur cette question-là aussi, il se pourrait que nous demandions des comptes, à tous les sens du terme.
RR
Le Journal de Mayotte

*L’étude réalisée par Insidens :
-Echantillon : 971 personnes ont été interrogées
-Mode d’administration : 635 questionnaires ont été réalisés en face-à-face (en français et en shimaorais) et 336 ont été envoyés par courrier (en français uniquement)
-Date de réalisation de l’enquête : février 2014 pour les questionnaires effectués en face-à-face, avril à juin pour ceux envoyés par courrier
-Zone géographique couverte : l’ensemble des communes de Mayotte

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