En conférence de presse, la Garde des Sceaux a évoqué le sentiment d’insécurité de la population, les problèmes posés par les flux migratoires et les manques à combler.
Devant le Centre de détention Majicavo, ou devant les journalistes en début d’après-midi, la ministre de la Justice s’est affichée comme celle qui «cherche le biotop», les particularismes du milieu, avant de proposer des solutions.
Si elle n’a certes pas atteint les degrés de violence des autres territoires ultramarins, la délinquance touche néanmoins Mayotte, et son évolution a été rapide. Une situation que Christiane Taubira prend en compte : «Je peux comprendre que les citoyens aient peur. La position géographique et géopolitique de Mayotte et les difficultés que posent les flux migratoires, peuvent expliquer ce phénomène et la réponse est dans l’application des politiques publiques, que nous permet la loi ou la réforme pénale».
Mais la ministre refuse l’enfermement : «Mayotte ne doit pas être décrite comme apocalyptique. Cette population relève continuellement des défis considérables, comme la croissance de la population, naturelle et liée à l’immigration». Et de décrire le cambriolage dont elle fut victime, alors député guyanaise, « avec le vol de tous mes bijoux uniquement parce qu’à 15 heures de l’après-midi, je n’avais pas fermé mes volets ! »
C’est d’abord par les moyens, comme un des deux postes vacants de vice-procureur qui sera pourvu en novembre, qu’elle compte lutter contre la délinquance. Mais aussi, « en mobilisant les énergies et notamment en développant les filières économiques sur le territoire mais aussi avec l’environnement proche ».
Des délais de traitement des délits plus courts
La ministre fait bien la distinction entre la délinquance de survie des mineurs, « de la part d’enfants objectivement en danger, qui vivent seuls », et les mineurs délinquants avec violence envers la population. « Il faut déterminer dans quelle proportion se situe chacune des catégories». Le Centre pénitentiaire, quand il sera terminé avec un quartier des femmes et celui des mineurs, proposera 30 places pour les moins de 18 ans.
Mais quand Christiane Taubira pense incarcération, c’est couplé avec une réinsertion dans la société, comme le veut sa loi d’individualisation de la peine et le renforcement de l’efficacité des sanctions pénales. Seulement, la situation à Mayotte est connue, seules 77 familles d’accueil qui vont être formées, assurent l’accueil des mineurs, « et il n’existe pas de structure de protection de l’enfance ». Un programme Europe-Etat-Conseil général devrait voir le jour pour combler ce manque, selon la ministre.
Ce qui pose problème, c’est surtout le délai de traitement entre l’acte commis et le jugement, «le jeune peut penser à une impunité». La ministre annonçait que la réponse serait désormais plus rapide, «avec une prise en charge de la victime, et un accompagnement du mineur». Sur la France entière, 205 éducateurs seront recrutés par la Protection Judiciaire de la Jeunesse, on peut penser que Mayotte ne sera pas oubliée…
La ministre ultramarine, puisque Guyanaise, relevait un laisser-aller quant au regard porté sur ces territoires éloignés par la métropole, « et qu’on ne comprend pas toujours très bien », mais où, selon elle, « des gens ont abattu un travail formidable avec une capacité d’adaptation, une réactivité fortes ».
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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