« Porteurs de projet, vous avez besoin de l’Europe, nous avons besoin de vous ! » C’est un peu le message que voulait faire passer la préfecture en proposant une matinale CCI consacrée aux Fonds européens de coopération régionale. Un Etat qui semble néanmoins se désengager sur ce thème…
Trop peu de candidats se sont fait connaître jusqu’à présents. Et, paradoxalement, ils étaient nombreux, une cinquantaine, à s’être déplacé vendredi matin à la Chambre de Commerce et d’Industrie pour écouter Bertrand Brohon, Chargé de mission à la Coopération régionale auprès du sous préfet en charge des affaires régionales.
Celui-ci détaillait une nouvelle fois les mécanismes gagnant-gagnant d’une coopération régionale made by Bruxelles : « le développement de l’agriculture à Anjouan doit bénéficier à Mayotte qui pourra importer des fruits et légumes moins chers et donc réduire le coût de la vie sur place ».
La première des coopérations est transfrontalière, « vers Madagascar ou les Comores ». D’une enveloppe de 12 millions d’euros, elle portera sur les thèmes de l’économie, avec le soutien aux industries ou le lancement d’une desserte maritime, sur l’environnement, sur les risques naturels et sur la santé. « L’appel à projet sur ces thèmes devrait sortir en mars-avril 2015 ».
Acquérir de l’expérience
La seconde est transnationale. L’enveloppe est de 21 millions d’euros. Elle est gérée par La Réunion, sans aucune clef de répartition entre nos deux îles, « ce qui veut dire que sans porteurs de projets, nous n’aurons rien ». La Réunion a été néanmoins sollicitée pour faire partager son expertise et ses réseaux à Mayotte qui n’a aucune expérience dans ce domaine.
Parmi les intervenants, une question portait sur une coopération directe pour éviter l’immigration clandestine et les naufrages de kwassas. Si c’est bien le but recherché à terme, l’ingérence entre les Etats ne le permet pas, « seule une coopération maritime ou une formation aux secours peuvent être entreprises ».
Contraction du Fonds de coopération régionale
Il est difficile de voir néanmoins une forte volonté politique de développer la coopération régionale en dehors des fonds européens.
L’outil indispensable dans ce domaine qui est le Fonds de Coopération régionale (FCR), abondé par l’Etat, qui ne nécessite donc pas de contrepartie du pays tiers, risque de disparaître… « Il est annoncé en diminution de moitié pour 2015, or les lignes que nous finançons déjà portent sur la santé, et seront donc automatiquement reconduites ». Il est donc fort possible qu’il n’y ait pas d’appel à projets sur ce FCR en fin d’année…
Moins ou pas de FCR, des contraintes « gagnant-gagnant » et administratives imposées par l’Europe très fortes… la coopération régionale pourrait bien souffrir de cette substitution de l’Etat au profit de l’Europe…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte