Avec cette première grande manifestation officielle, l’association « A deux mains pour les enfants » se positionne comme un acteur de prévention de la délinquance en apportant une vision nouvelle.
A 8h30, les tee-shirts bleus avaient fleuri ce samedi matin aux abords du ponton de Mamoudzou. Une cinquantaine de participants prenaient le départ du petit kilomètre qui les séparait de l’arrivée à l’école Lazerevouni de Kawéni, en face de l’Espace Coralium. Un effort conséquent pour plusieurs coureurs, non sportifs, qui affrontaient le soleil de plomb de ce début de saison chaude.
Si le président de l’association, Chaharoumani Chamassi, avait choisi cette école, c’est qu’elle est au centre d’un des quartiers réputés « chauds » de Mamoudzou, et qu’il ne cesse de le répéter, « il n’y a pas de fatalité ». A l’issue de la course, il s’adressait aux participants, « en courant, vous avez honoré la jeunesse de cette école ».
La participation financière de 10 euros à la course a permis de collecter 1 070 euros qui permettront d’offrir un coin lecture et des goûters aux enfants sur l’année.
Mais cette course avait une particularité : ce ne sont pas les coureurs qui étaient récompensés, mais les élèves de CM1 et CM2 de l’école, « les meilleurs de leurs classes, car on parle trop souvent des délinquants, il est temps qu’on montre à ceux qui travaillent qu’on ne les oublie pas », poursuivait Chaharoumani Chamassi.
Récompenser les premiers de la classe
Celui qui est par ailleurs officier de police nationale avait fédéré ses collègues dont bon nombre ont participé à la course, et notamment le commissaire Philippe Miziniak qui expliquait leur démarche : « lutter contre les violences et les discriminations, c’est notre but à nous policiers. Car les enfants sont notre avenir et l’éducation, c’est la paix. »
L’objectif de l’association est de travailler en amont pour prévenir la délinquance et les maltraitances en créant des écoles du civisme, « une école qui adaptera l’école coranique au droit commun afin d’éviter qu’on continue à parler des enfants du juge », ces enfants dont les parents ont laissé tomber une éducation rigide faute d’une mauvaise interprétation de la loi qui sanctionne la maltraitance. Un équilibre est à retrouver.
En attendant, les enfants rassemblés par leur directeur d’école Abdallah Houmouri, attendaient sagement d’être appelés dans une ambiance de remise des prix comme les connaissaient « jadis » les écoles métropolitaines et qu’on pourrait remettre au goût du jour. Les bons élèves recevaient ainsi des livres « Raconte-moi l’Histoire », des agendas 2014-2015, des sacs à dos et trousses.
Des partenaires comme La Maison des Livres avaient en effet répondu présent, Mahonet, la SNIE, Sodifram ou le Maki gourmand.
Très ému, le directeur de l’école n’arrivait pas à prononcer autre chose qu’un « merci » qui résumait toute sa gratitude. La matinée se terminait autour d’un voulé commun.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte