Le procureur de la République Joël Garrigue a tenu une conférence de presse pour faire le point sur l’enquête et l’autopsie du corps découvert vendredi dernier sous le pont de Tsoundzou. Les causes restent inconnues, une information judiciaire est ouverte.
«On ne lâchera pas. On essaiera de donner à la famille toutes les explications sur la façon dont cet homme est décédé». Malgré cette volonté affichée par Joël Garrigue, le procureur de la République, le mystère reste entier une semaine après la découverte du corps sans vie d’un homme sous le pont de Tsoundzou.
Alors que les tensions avaient été vives vendredi dernier, le procureur de la République a choisi de jouer la carte de la transparence en livrant les derniers éléments issus de l’enquête et de l’autopsie du corps qui a été effectué ce vendredi matin… même si ces informations n’apportent que peu d’éléments nouveaux pour expliquer le cours de ces événements tragiques.
L’IGPN, la police des polices, arrivée à Mayotte dimanche, a livré au procureur le déroulement des faits, tels que les trois policiers les ont racontés.
Ils se déroulent en 3 temps. Tout d’abord, une équipe de police, en patrouille aux alentours de 5 heures, rencontre un scooter dépourvu de plaque d’immatriculation. A la vue de la patrouille, l’homme essaie de s’échapper. Arrivé au pont de la Kwalé, il prend la fuite à pied et sème les forces de l’ordre. Les policiers ramènent alors le scooter volé au commissariat. Fin d’un premier moment.
Course poursuite
Le 2e temps débute un peu avant 6 heures avec le retour des policiers au pont de la Kwalé. Arrivés sur place, les trois fonctionnaires aperçoivent un homme dont la tenue vestimentaire ressemble à celui du conducteur de scooter. Apercevant les policiers, l’homme, sans-papiers, prend la fuite. Il se précipite entre les deux ponts, puis court le long des berges de la Kwalé. Deux policiers sortent de la voiture et le prennent en chasse. Le premier glisse et tombe rapidement. Le second parvient à suivre un temps le fuyard avant de perdre sa trace dans une zone boisé. Au bout d’un quart d’heure, les policiers renoncent.
Six heures après, la suite des événements est connue de tous. Peu avant 13 heures, un corps est retrouvé dans la Kwalé, celui de l’homme pris en chasse par les policiers le long des berges.
«Aucun témoin n’a vu les policiers au contact de cet homme, aucun témoin n’a vu de bagarre entre cet homme et quelqu’un d’autre», affirme le procureur. Si «quelques personnes ont vu le début de la course-poursuite», il n’existe pas de témoignage de la suite de la poursuite le long du la rivière.
Les empreintes digitales n’ont rien donné. Des prélèvements ADN ont été réalisés sur le scooter qui sont en cours d’analyse.
Autopsie quasi muette
Dans ces conditions, les résultats de l’autopsie pratiquée ce vendredi matin étaient attendus. Ils n’apportent que très peu d’éléments supplémentaires. «Le médecin légiste a constaté un certain nombre de traces sur le corps», précise le procureur.
Certains sont liés au fait d’être resté six heures dans l’eau comme des coupures causées par des crabes.
Une trace a été retrouvée au niveau du haut du crâne, en forme de «V», «consécutive à un choc, un coup ou une chute», précise Joël Garrigue. Cependant la plaie est superficielle et aucun traumatisme crânien n’a été relevé.
Quant à la noyade, «on ne peut pas totalement l’exclure ni la certifier», la quantité d’eau retrouvée dans les poumons n’est en effet pas déterminante.
Enfin, le médecin légiste a relevé des éléments de lésions cardio-pulmonaires anciennes, peut-être à l’origine d’un malaise.
Le corps a été rendu à la famille ce vendredi.
Information judiciaire et juge d’instruction
Sept jours après le drame, nous ne sommes donc pas beaucoup plus avancés mais les choses ne s’arrêtent pas aujourd’hui. Une série d’investigations «anatomo-cytopathologiques» (examen au microscope de différents prélèvements) va être réalisée. Et surtout, le procureur ouvre une information judiciaire et un juge d’instruction sera saisi lundi de l’affaire.
Alors qu’une marche blanche est prévue dimanche matin à Tsoundzou, le procureur de la République a tenu à réaffirmer que l’enquête se poursuit. «Nous avons fait venir l’IGPN pour que l’enquête soit faite par des gens qui ne soient pas soupçonnés de protéger leurs collègues de travail. L’autopsie a été réalisée dans des délais très brefs. Maintenant, nous ouvrons une information judiciaire pour aller jusqu’au bout.»
RR
Le Journal de Mayotte