Délinquance et dégradations : l’argent public n’est plus gratuit à Mayotte…

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Officialiser le rôle paternaliste de l’élu de proximité qu’est le maire, mais aussi le renforcer dans sa fonction de premier magistrat, c’est le but des conventions proposées par le parquet aux communes. Le maire de Dzaoudzi Labattoir en donne les enjeux.

Said omar oili pt association maires dzi labattoirSada y a souscrit la première, Mamoudzou lui a emboité le pas, c’était au tour de Dzaoudzi-Labattoir hier de signer trois conventions, dont deux avec le procureur Joël Garrigue.

Said Omar Oili qui en est le maire pourra désormais effectuer un rappel à l’ordre des jeunes qui commettraient des incivilités. Un acte qui pourrait paraître dérisoire tant les apprentis délinquants s’abritent derrière la loi pour continuer leurs exactions. La réaction de certains habitants de Combani qui ont cherché à se faire justice eux-mêmes le prouve : il faut trouver des recettes qui s’adaptent au territoire, « en Afrique, les délinquants trouvent refuge aux Commissariat de Police… ils en ont moins peur que des représailles villageoises », nous glissait un observateur des évènements qui se déroulaient dans la commune de Tsingoni hier au soir.

Pour Said Omar Oili, le rappel à l’ordre ne fait que légaliser la démarche qui était déjà entreprise par les élus : « les enfants qui commettent de petits larcins, des dégradations sont souvent peu cadrés. La population nous a toujours interpellés, nous, élus, pour intervenir auprès de la famille ».

Des familles qui seront convoquées avec l’enfant, « plusieurs fois s’il le faut, en transmettant au procureur à chaque fois qui pourra ou pas sanctionner ». On le sait, les mineurs sont protégés, la solution n’étant pas la prison, et le but de l’opération est bien de travailler sur la prévention, « en leur proposant par exemple des contrats d’insertion ».

La première intercommunalité mahoraise est née

Une pierre dans la main... la casse n'est pas loin
Une pierre dans la main… la casse n’est pas loin

La deuxième convention est étroitement liée à la première puisqu’elle propose à travers une transaction avec le jeune et sa famille des réparations en cas de dégradation du bien public : « les habitants doivent comprendre maintenant que le « sirkali » (l’Etat financeur, l’argent public) c’est eux ! Ce sont nos impôts qui paient les biens publics. L’impression de gratuité va peu à peu disparaître ».

Un fait nouveau puisque Mayotte vient de basculer en matière de fiscalité dans le droit commun où s’appliquent les taxes nationales. En cas d’insolvabilité de la famille, réparation pourra être demandée par le travail.

La troisième convention concernait un partenariat entre la gendarmerie nationale et la Police municipale qui connaît les administrés, « il était anormal que chacun travaille de son côté ». Mais si certains agents sont assermentés, d’autres doivent passer par une formation, « et ainsi pouvoir travailler de nuit ou effectuer des interpellations ».

Et c’est avec Pamandzi, au sein d’une intercommunalité toute fraiche, « l’arrêté préfectoral vient de sortir », que Dzaoudzi va se doter d’un système de vidéos surveillance, « avec un cofinancement à part égale de l’Etat ».

Des conventions qui vont faire des petits, Said Omar Oili en tant que président de l’association des maires de Mayotte en étant un parfait porte-parole.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

 

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