Fermeture temporaire de la baignade à Soulou

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Les eaux de la rivière qui se jette en cascade sur la plage de Soulou sont particulièrement polluées depuis le début du mois. La mairie a suivi les recommandations de l’ARS et n’autorise plus la baignade.

L’alerte a été lancée le 2 octobre par les services de l’ARS (Agence régionale de santé) : les eaux de la rivière qui se jette sur la plage de Soulou étaient polluées par des bactéries dans des proportions très alarmantes. Le phénomène était d’autant plus surprenant qu’habituellement, la qualité des eaux de baignade sur le site est tout à fait correcte.

Le relevé intervenait après un épisode pluvieux qui avait drainé beaucoup de terre et de nombreux éléments dans la rivière. « Le préleveur a constaté des eaux turbides » explique Thomas Margueron, ingénieur sanitaire au Service santé-environnement de l’ARS Mayotte. «Ce n’est pas une contamination ‘urbaine’ par des eaux usées, comme on peut parfois le constater dans d’autres lieux. A Soulou, il s’agit d’une contamination fécale d’origine animale. De nombreux troupeaux viennent s’abreuver en amont de la rivière.» A la cascade, les agents de l’ARS ont donc constaté cette contamination à laquelle se rajoutent des résidus issus d’une activité de lessive importante.
Ce jour-là, le prélèvement a été réalisé à marée haute, la rivière s’écoulait directement vers la mer sans être filtrée par le petit cordon dunaire. C’est donc l’ensemble du site qui présentait un caractère sanitaire préoccupant justifiant un arrêté municipal interdisant la baignade.
Depuis ce prélèvement, un autre a été réalisé le 14 octobre. La qualité des eaux sur la plage est redevenue conforme aux normes admises mais pas encore celle de la rivière.

5 sites fermés en 18 mois

La fermeture, provisoire, de ce site de baignade fait suite à cinq autres réalisés ces 18 derniers mois par les maires, sur préconisation de l’ARS : Les plages de Sada centre et Hamjagoua en 2012, celles de Mtsangadoua, Hamouro et Mtsahara cette année.
« Nous avons à Mayotte, une bonne qualité des eaux de loisir. Après la fermeture de ces plages en proie à des pollutions, les 29 autres sites que nous contrôlons présentent des bilans satisfaisants » explique Thomas Margueron, alors même que les installations de traitement des eaux usées sont encore très peu nombreuses.

L’ARS contrôle ces sites au minimum une fois par mois. A chaque fois, les prélèvements sont effectués dans des conditions comparables à celles habituellement choisies pour se rendre à la plage : «on ne teste pas les eaux pendant des pluies diluviennes.»
Les agents interviennent également après un signalement de rejet douteux comme ce fut le cas à la Kwale la semaine dernière. Car en plus des plages, les eaux des rivières sont aussi analysées.
« Les rivières sont considérées comme des lieux de baignade en eau douce même si on sait que les gens ne s’y rendent pas pour nager mais plutôt pour faire la lessive. On est embêté dans ces cas-là, car ce sont évidemment des lieux très pollués. »

Défaut d’information

Les municipalités sont censées mettre en place des panneaux d’information portant un idéogramme « baignade interdite » dans ces lieux qu’ils savent fréquentés et pollués, comme par exemple le port de Mamoudzou. De même, les prélèvements de l’ARS doivent être affichés sur toutes les plages et dans les mairies. Autant d’obligations dont les collectivités s’affranchissent, jusqu’à présent, allègrement.
L’ARS publiera, avant la fin de l’année, un classement des sites de baignades en fonction de leur qualité. Et dès l’an prochain, elle adoptera le principe d’information en temps réel : une nouvelle fonctionnalité sera disponible sur son site internet pour permettre un accès aux relevés mensuels.
RR