Le jeune lycéen nous dévoile les coulisses du concours du Salon de la gastronomie des Outre-mer. Sa participation est le fruit d’un travail d’équipe à Mayotte comme en métropole.
Faissoil Abdou est de retour de Paris. Le lycéen discret qui a représenté Mayotte au concours lancé par Babette de Rozières pour son premier Salon de la gastronomie des outre-mer, a repris ses cours au Lycée polyvalent de Kawéni. Il semble encore étonné de ce qui lui est arrivé.
Tout commence par un mail que reçoit son professeur de cuisine, Patrick Grondin. Un concours de gastronomie ultramarine sera un des points d’orgue du Salon. « Ça collait avec le travail en cours avec mes élèves de terminale Bac pro de cuisine et restauration », indique l’enseignant.
Fassoil est partant, mais pour être choisi, il faut séduire les organisateurs et proposer un plat typique. Ce sera « Clin d’œil aux mamas brochettis », « un piqué de thon mi-cuit avec son duo de fruit à pain », indiquent de concert prof et élève. La fiche est retenue, il va falloir être au top. Commencent alors des heures de travail en cuisine, « pendant trois semaines », l’enseignant ne compte pas ses heures. Faissoil non plus qui habite avec ses 3 frères et 4 sœurs à Acoua, départ matinal à 5h et retour à 18h30.
Avec un billet pris en charge par le lycée, sur un reliquat de subventions du Conseil général, c’est seul que, jeudi dernier, il s’envole pour la métropole. Il est accueilli par la Délégation de Mayotte à Paris, « surtout Cansel Bacar, ma tutrice, et Vita Siadi, ils ont été supers ! », explique à voix basse le jeune homme timidement assis sur sa chaise du restaurant d’application de Kawéni*.
Boosté par toute sa classe
Stressé ? « Oui, ça, j’étais stressé ! ». Le concours ouvre sur des paniers-surprise, les plats ne sont pas pensés à l’avance, il va falloir improviser sur un timing d’une heure avec des ingrédients découverts au dernier moment. Il passe le premier tour, peu d’autres DOM sont représentés, mais des cuisiniers métropolitains concourent également.
C’est la demi-finale. Le panier s’ouvre sur des cuisses de poulet, du céleri, du bouillon de volaille, du mélange quatre épice et… du chocolat. « Difficile, car il faut arriver à marier délicatement cette amertume », confie Patrick Grondin. Trop compliqué… il n’ira pas en finale. Dans le jury, présidé par Joël Robuchon, est également présent le meilleur ouvrier de France, Eric Briffard.
Une expérience positive, « toute la classe était derrière lui ! », et qui le confirme dans son choix de métier : « je pourrai aller en BTS ensuite grâce à une passerelle, mais il faut que les notes suivent ». Il représente aussi l’île au stand du Salon tenu par les membres de la Délégation de Mayotte, et en présence de Andjzi Daroueche, grand chef cuisinier mahorais et lauréat des derniers Trophées de l’Académie de l’art culinaire.
Une aventure qui donne des idées du côté du lycée… « Avec un possible concours interne à l’établissement, du meilleur cuisinier, du meilleur serveur etc. », confie Fabien Vannucci, Chef de travaux.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
* Possibilité de consulter les menus 2014-2015 et de réserver au 0269 62 82 68 ou 0639 67 41 33