Accès au foncier et l’autonomie financière des agriculteurs mahorais, deux des sujets que le secrétaire général de la FNSEA va tenter de faire évoluer. Il rencontre aujourd’hui le préfet Seymour Morsy.
C’est son deuxième séjour à Mayotte. Depuis 2012, Jérôme Despey a été reconduit à la tête de la FNSEA (Fédération nationale des Syndicats d’Exploitants agricoles), tout comme la secrétaire départementale Laïni Mogne-Mali, en 2014. Sauf que l’élection de cette dernière fut plus mouvementée, car disputée par Anli Ambody qui depuis a créé son propre syndicat le Modef.
C’est d’ailleurs le premier motif de la présence du secrétaire général de la FNSEA à Mayotte : apporter une reconnaissance officielle du bureau départemental actuel, « le conseil d’administration est bien conforme à nos statuts ». Le Modef est donc une dissidence, « un syndicat qui ne sera reconnu qu’auprès de la Chambre d’agriculture et après trois ans d’existence », explique Jérôme Despey.
Il doit rencontrer l’ensemble des représentants agricoles pendant son séjour du 13 au 15 mars, et est reçu par le préfet ce vendredi après-midi.
Dans son bloc-notes, plusieurs points à aborder. La retraite des vieux agriculteurs d’abord, pour lesquelles le cotisations n’existaient pas lorsqu’ils étaient actifs, et qui ne peuvent compter sur une réelle relève de jeunes : « la Mutuelle sociale agricole a été mise en place mais nous allons voir comment les accompagner sur le plan national».
Dispositif « agriculteurs vigilants »
L’accès au foncier ensuite avec les occupations précaires des terres détenues par le conseil général et qui avait valu l’agression de son président par un déversement de bouse de la part des Jeunes agriculteurs. Il ne sera d’ailleurs pas reçu par Daniel Zaïdani, dont les services ont invoqué la période électorale. « Nous devons pourtant solutionner le problème d’absence de baux et de fermage ».
Autre préoccupation, l’arrivée des fonds européens et le POSEI qui risquent de passer sous le nez des agriculteurs en mal de financement : « ils n’ont pas accès aux prêts bancaires, indispensables pour investir en attendant le remboursement de l’Europe. Nous allons étudier un possible appui de la Banque publique d’investissement et voir si elle peut se porter caution ».
Les agriculteurs ne sont pas épargnés par les vols, ils sont même en première ligne. « Il est impossible de compter intégralement sur sa récolte », nous indiquait le député Aboubacar. Là encore, Jérôme Despey arrive avec des propositions : « sur le plan national, un partenariat existe avec la police et la gendarmerie dans le cadre des ‘agriculteurs vigilants’ ». Sur le même principe que les voisins vigilants, ils bénéficient au sein du commissariat ou des brigades d’un référent qui facilite le dépôt de plainte, « souvent, les agriculteurs n’osent pas s’y rendre ».
L’agriculture peine à se structurer et les logements des agriculteurs encore éloignés de leurs exploitations y est aussi pour quelque chose : « il faut désenclaver », et obtenir des titres fonciers… un sujet central qui scelle l’avenir de bien des secteurs à Mayotte.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte