Quand la quête d’identité mène à l’exclusion par la radicalisation : ils sont 3.142 selon le Monde, dont 8 à Mayotte. Un diagnostic qui va permettre d’adapter la contre offensive.
En avril 2014, le ministère de l’Intérieur lançait le plan national de lutte contre la radicalisation : il tentait ainsi d’endiguer les départs vers les pays comme la Syrie, préoccupation renforcée après les exécutions d’otages dont un français, et les attentats de Charlie Hebdo.
Récemment, le Ministère de l’Intérieur et le Comité interministériel de la Prévention de la Délinquance (CIPD) ont conçu une campagne de communication dans le même but : repérer les individus dont le comportement change brutalement, qui coupent par exemple tout contact avec la famille ou leurs liens sociaux. « Il ne s’agit pas de dénoncer ceux qui choisissent une approche plus ‘rigoriste’ de l’islam, chacun doit pouvoir pratiquer sa religion comme il l’entend », explique-t-on du côté de la préfecture de Mayotte.
Notre département à grande majorité musulmane, pratique religieuse dont s’éloignent les jeunes, n’est pas épargné de la radicalisation à en croire les premiers résultats recueillis par les services de l’Etat et publiés sur le site lemonde.fr : sur 3.142 signalements (dont «9 personnes qui avaient déjà rejoint la Syrie») par des proches ou les services publics, 8 concernent Mayotte.
Un chiffre somme toute modéré en comparaison des 48 enregistrés à La Réunion. Ils sont également 8 à avoir été repérés en Martinique, 7 en Guadeloupe, 2 en Guyane.
La démarche n’est pas vraiment liée à une quête de spiritualité, mais plutôt l’expression d’une révolte et d’un sens à donner à sa vie : « le phénomène de la radicalisation n’a rien à voir avec la religion », précise au Monde le préfet Pierre N’Gayane, chargé du volet prévention du dispositif, « il ne s’agit pas de conversions à l’islam, mais au radicalisme, même pour les musulmans. La plupart des radicalisés ont en commun une situation d’échec, de rupture, une quête de sens ou d’identité. Ils auraient pu s’accrocher à n’importe quelle branche : une secte, le suicide ou la drogue. La force du discours djihadiste est qu’il donne réponse à tout. Il s’agit d’un kit de solutions. Il nous revient de leur proposer une solution alternative. »
C’est en effet une explication au profil des « radicalisés » : prés d’un quart sont des mineurs, majoritairement des hommes, mais les femmes en représentent quand même 35% toutes tranches d’âge confondues.
Des données qui incitent à la vigilance à Mayotte où les jeunes sont plus qu’en perte des repères, certains ayant grandi sans en avoir. Ils offrent un terreau favorable à une révolte qui peut trouver une réponse factice dans la radicalisation d’une religion qu’ils connaissent parfois très mal. C’est pourquoi cadis et imams travaillent à une réorganisation nationale de l’expression et l’enseignement de l’islam.
A.P-L.
Le Journal de Mayotte
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