C’est une majorité droite-centre qui se dégage des urnes à Mayotte, conformément d’ailleurs à la tendance des deux partis historiquement présents à Mayotte.
La couleur de l’assemblée départementale est toujours teintée de bleue à l’issue de ce deuxième tour des élections départementales, la droite ayant conservée la majorité relative qui s’était dégagée des urnes le dimanche précédent. C’est l’UMP qui est la grande gagnante de ce scrutin départemental.
Peu de surprises donc entre les deux tours : les candidats en ballottage favorable l’ont généralement emporté, excepté dans les cantons où les scores étaient déjà serrés. Mtsamboro fait office d’exception où l’UMP, pourtant en tête au premier tour, est battue par l’UDI.
L’UMP remporte 5 cantons, et un 6e à moitié à Dembéni où le parti a fait alliance avec le MDM. A ce titre, le canton fait figure d’emblème, puisque précurseur de la future gouvernance du département.
Le PS n’obtient aucun canton. Seuls les apparentés socialistes sauvent la situation dans deux cantons comme le Nema à Dzaoudzi, avec la paire Soulaimana Mhidi-Souffou, et Mamoudzou 2 où Chihabouddine et Madi Mari l’emportent sous l’étiquette DVG-MDM. Les MDM, UDI, divers droite, emportent les 5 cantons restants.
De l’ancienne assemblée, seuls 4 conseillers sont réélus, dont deux anciens présidents : le sortant, Daniel Zaïdani (MDM) à Pamandzi, son prédécesseur Ahamed Attoumani Douchina (UDI) à Bouéni/Kani-Kéli, Nomane Ousseni (UNFCS) à Sada et l’UMP Ben Issa Ousseni à Tsingoni.
Une présidence UMP-MDM ou MDM-UMP ?
Le meilleur score, c’est à Koungou qu’on le trouve avec les 65,5% des UMP Bourouhane Allaoui et Raïssa Andhum qui battent Raos, Saïd Ahamadi, 3e vice-président du Conseil général qui n’obtient que 34,5%.
La victoire la plus modeste, et par conséquent l’écart le plus serré, est issue des urnes de Mamoudzou 3, où la paire Combo-Saïd l’emporte avec 50,9% sur Abdou-Mascati, 49,1%.
La difficulté va être maintenant de dégager une majorité de cette nouvelle formation pour élire, jeudi prochain, le nouveau président du département. Au regard des résultats, il serait logique qu’il soit UMP, ce qui désigne de fait un des éléphants politiques, l’ancien sénateur UMP, élu à Ouangani, Soibahadine Ibrahim Ramadani allié à Moinécha Soumaila.
Mais Daniel Zaïdani qui a placé son parti MDM en alliance avec des UMP n’a pas dit son dernier mot, lui qui a goûté pendant 4 ans au pouvoir à la tête de l’assemblée départementale.
Les partis doivent encore se faire leur place à Mayotte
Il part avec deux handicaps : la non-reconduction de ses proches, ses vice-présidents n’ayant pas été réélus. Certains y voient une sanction de la politique menée par cette majorité. Mais aussi, sa bascule vers la droite, alors que son ancienne majorité était centre gauche. En tant qu’homme, sa sensibilité est plus proche du PS, ce qui pourrait lui compliquer la tâche. Sa deuxième majorité était malgré tout macédoine, alliant UMP et socialistes, formée à la hussarde lors de manipulations politiques en 2012.
Pour y voir clair, il faut donc encore une fois que les partis se structurent. S’il apparaît que le duo UMP-MDM va gouverner, le PS doit en profiter pour se réorganiser : c’est du moins ce qui sortait de l’intervention de son porte-parole, Moula Issouf Madi au micro de Mayotte 1ère qui indiquait que le comité fédéral allait se réunir dans les prochains jours dans ce sens.
On se souvient qu’en 2011, la majorité ne s’était formée qu’après négociations de toute dernière minute, avec téléphones portables arrêtés, menant en candidat surprise Daniel Zaïdani à sa tête. Certains n’avaient pas hésité à négocier leur présence, au mépris des consignes de groupe, l’intérêt personnel l’avait emporté.
La présence des femmes enfin pourrait bousculer cette logique avec pourquoi pas, une présidente UMP.
Les conseillers seront-ils plus sages parce qu’ils sont devenus départementaux ? La réponse, jeudi…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte