Après le droit de retrait exercé par les personnels du collège de Kawéni 1 hier jeudi, le vice-rectorat apporte des réponses et fait le point sur la sécurité aux abords des établissements scolaires de Mayotte, avec un record d’incidents.
«L’institution Education nationale ne peut qu’être solidaire de K1 et de façon générale des collègues qui sont confrontés à des violences qui ne sont pas acceptables». Face à la presse, Stéphane Planchand, directeur de cabinet et Denis Lacouture, le secrétaire général du vice-rectorat, ont joué la carte de l’apaisement mais aussi de la transparence.
Alors que les personnels du collège K1 s’étaient dits déçus de leur rencontre avec les responsables du vice-rectorat hier, des réponses à la situation particulière de l’établissement ont été apportées ce vendredi matin.
Côté personnel, des postes : un CPE supplémentaire pérennisé, un poste de direction, deux postes d’EMS (équipes mobiles de sécurité) renforcés de 2 supplémentaires à la rentrée. Enfin, dès mardi, deux surveillants seront également affectés au collège jusqu’à la fin de l’année scolaire.
Le vice-rectorat insiste aussi sur le fait que le collège bascule dans le réseau d’éducation prioritaire à la rentrée avec, là encore, des postes en plus.
120.000 € pour la clôture
Côté aménagement, la clôture de K1 va être totalement refaite. Un budget de 120.000 euros a été acté ce vendredi matin pour que la réalisation intervienne rapidement.
De façon plus générale, le vice-rectorat s’engage aussi à réfléchir à l’organisation des transports scolaires, à plancher sur l’état de la voierie à proximité des établissements et enfin à renforcer la collaboration entre les forces de l’ordre (polices nationale et municipale et gendarmerie) et les 16 membres des EMS qui seraient six de plus l’an prochain.
Ne pas ériger de murs
«L’école ne peut pas tout mais elle fait beaucoup», a insisté à plusieurs reprises le secrétaire général. «On parle de riposte aux violences mais il y a aussi tout le travail de prévention». Car construire des clôtures est essentiel, mais «il ne faut pas que l’école devienne la prison de Majicavo et se ferme sur le quartier dont elle éduque les enfants. Nous n’avons pas choisi ce métier pour ériger des murs, sinon, nous nous serions faits maçons !» s’exclame Denis Lacouture.
Pour le vice-rectorat, il s’agit donc aussi de renvoyer la discussion sur les politiques éducatives, comme la reconnaissance du français langue seconde et de valoriser de nombreux dispositifs : collectifs d’élèves, partenariats avec les associations de quartier ou encore avec les mamans pour l’encadrement de l’aide aux devoirs. «Il y a des initiatives dans beaucoup d’établissements pour occuper les élèves dans un temps périscolaire», se réjouit-on au vice-rectorat.
Nombre record d’incidents
Cette réponse de l’institution sur les questions de sécurité est importante car cette année scolaire devrait enregistrer un nombre record d’incidents. On devrait même battre le pic de 2011. «Depuis août, 160 faits de violences ont été signalés par les établissements, le cas typique étant la bagarre entre jeunes à l’extérieur qui n’implique pas forcément des élèves», indique Stéphane Planchand.
Et dans ces 160 faits, le collège K1 occupe une part très importante puisqu’on recense déjà 15 faits impliquant le personnel, des jets de pierre à l’agression.
Des constructions pour faire baisser les pressions
Finalement, le vice-rectorat compte aussi sur les constructions pour apporter une réponse à ces tensions : la première pierre du collège de Ouangani et du lycée de Bouéni devraient être posées dans les mois qui viennent pour une ouverture dans deux ans.
A Mamoudzou, le chantier du lycée de Kawéni devrait aussi être lancé dans les mois qui viennent avec une grosse cantine qui bénéficierait à tous les établissements de la zone. Face aux craintes d’un scénario noir lié à l’implantation d’un nouvel établissement dans une zone qui dépasse déjà les 6.000 élèves, le vice-rectorat rêve au contraire, d’un changement radical d’ambiance. Le projet se rapprocherait du concept de campus dans lequel les élèves de toute la zone, de la maternelle au lycée, seraient dans un environnement sanctuarisé. On ne peut que l’espérer.
RR
Le Journal de Mayotte.