La maison de Vincent Liétar est devenue le symbole de la profonde discorde qui anime les deux hommes. La maison du père de Bao pourrait être détruite ce jeudi matin à 8h.
La tension est à son comble entre le directeur de la Société Immobilière de Mayotte et son ex-directeur de production : bien que les deux hommes se soient séparés en 2012, la cicatrice est encore à nue.
A l’époque, Vincent Liétar est accusé de vol de documents et de retarder des opérations en cours. Ce qu’il conteste. La justice considérera son licenciement comme abusif, la SIM est condamnée. Mais un jugement ordonne à l’employé de quitter son logement de fonction. Quelques mois plus tard, en février 2014, le juge du tribunal de grande instance de Mamoudzou indique que la société aurait dû lui proposer un bail. Il n’est donc plus expulsable, sous réserve d’un versement de 1.000 euros par mois, « ce qui me va », indique Vincent Liétar. La SIM fait appel.
Et Mahamoud Azihary, dans un mail envoyé ce mercredi aux médias, indique ne jamais avoir vu un centime.
Rebondissement il y a quelques jours, le terrain où est sise ladite maison, fait l’objet d’un programme de démolition construction, « comme la SIM en fait à Passamainty, à Mamoudzou, à Pamandzi, à Labattoir (…) la 121e opération de ce genre », précise le directeur de la SIM qui compte ainsi construire 5 nouveaux logements par logement démoli.
Plus d’eau, ni d’électricité
Outre le fait qu’il revendique ne pas être expulsable, Vincent Liétar fait valoir la qualité architecturale de sa maison, « construite en 1983 en forme de dôme, avec des artisans du Tour de France », et son attachement. Une photo était d’ailleurs parue chez nos confrères des Nouvelles de Mayotte, une sollicitation de la presse qui n’a pas dû apaiser le conflit.
Le cachet de la maison, ce n’est pas une raison valable pour Mahamoud Azihary que nous avons contacté : « n’importe quel architecte peut reconstruire sur plan exactement la même chose ailleurs. »
Ce mercredi, la tension vient à nouveau de monter d’un cran : le locataire n’a plus d’eau ni d’électricité, les services de EDM et de la SMAE étant intervenus sur la demande de la SIM. Non sans tensions, Mahamoud Azihary accusant Vincent Liétar d’avoir proféré des menaces de mort, dont l’intéressé se dit bien incapable.
Demain, les tractopelles sont annoncées pour 8h au domicile de celui qui est aussi connu à Mayotte comme le papa de Bao, une bande dessinée qui retrace la vie mahoraise. « J’ai des milliers de BD à la maison, je n’ai sorti aucun meuble », indique-t-il, « j’ai même convié quelques amis à un café froid demain matin ».
De son côté, Mahamoud Azihary évoquait, hier mercredi soir, la possibilité que l’Etat intervienne pour bloquer la démolition, « mais à cette heure, je n’ai reçu aucune notification ».
La nuit a peut-être pu porter conseil. Inch Allah !
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte