SMIAM : l’angoisse des maires, la franchise du préfet

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Pour la 2e fois de l’année, le préfet Seymour Morsy a invité les maires de Mayotte pour une réunion d’information. Le sujet le plus sensible, la fin du SMIAM, fait planer un danger sur les finances des communes.

Le préfet a reçu les maires pour une après-midi de travail
Le préfet a reçu les maires pour une après-midi de travail

Les maires sont inquiets et ils l’ont dit au préfet. Alors que Seymour Morsy recevait les maires des 17 communes de Mayotte pour une réunion d’information, le sujet du SMIAM a permis aux premiers magistrats de partager leur crainte : le SMIAM pourrait bien continuer à faire beaucoup de mal à Mayotte, bien longtemps après sa disparition.
Non content d’avoir imposé à nos enfants un système de rotations faute de réalisations concrètes, il pourrait maintenant lester le budget des communes pour de nombreuses années.

Toute l’attention se porte sur un prêt contracté par le syndicat auprès de l’AFD pour un montant de plus de 7 millions d’euros. Le 30 avril dernier, le syndicat qui existe encore en tant que structure juridique, s’est vu présenter une demande de remboursement de l’intégralité du crédit, au lieu de l’échéance habituelle de 200.000 euros. L’erreur a été corrigée mais elle a eu le mérite de poser la question de savoir qui va devoir honorer ce prêt.

Panneau SMIAMLe rôle sensible des liquidateurs

Ce sera un des rôles des deux liquidateurs désignés en début de semaine. Ils devront répartir tout ce que représente le SMIAM sur chacune des collectivités locales selon des prorata à définir.

Mais avant cela, ils devront définir ce que pèse le syndicat. «La présidente du SMIAM a demandé six mois pour pouvoir établir un bilan. Pour les effectifs, c’est à peu près réglé. Pour les actifs et le passif, je n’ai pas d’informations», constate le préfet.

Côté passif, on trouve donc au minimum ce crédit de 7 millions d’euros. «Dans les actifs, il y a beaucoup de choses», indique le préfet. «On trouve des terrains pour des constructions… donc dans des endroits fléchés comme disponibles, un patrimoine bâti dont il va falloir faire l’inventaire avant de l’évaluer, comme par exemple le siège. Il faudra aussi prendre en considération la valeur des parts que le SMIAM a dans la SIM. Mais dans le positif, on trouve aussi les effectifs. Car, quand il ne faut pas y voir que des individus à prendre en charge mais des compétences qui pourraient être très utiles en particulier pour les futures intercommunalités».

Des maires inquiets des montants qu'ils vont devoir verser
Des maires inquiets des montants qu’ils vont devoir verser

Une situation de faillite

Les questions fusent pour interpeler le préfet. «On va surcharger les communes avec des dettes et des contentieux qu’on ne connaît pas. On va passer 3 ans à payer les dettes du SMIAM et on ne va faire que ça», s’insurge un maire. «Il y a eu un déficit de contrôle du SMIAM, ce n’est pas ma faute», réplique le préfet. «Demandez des comptes à vos représentants : ‘avez-vous assisté aux réunions ?’, ‘avez-vous transmis les informations ?’ Je constate une situation de faillite.»

Pour le président de l’association des maires, Saïd Omar Oili, «il est important que chaque collectivité sache le montant de la dette et du patrimoine. On entrevoit la dette mais on ne connaît rien de l’actif. Il se pourrait que nous ayons une bonne surprise».

« Grande injustice »

SMIAMPas très convaincue, Anchya Bamana, la maire de Sada, s’attend plutôt à vivre «une grande injustice». Elle ne cesse de marteler que certaines communes, dont la sienne, ont été «abandonnées» par le SMIAM. «Nos écoles sont dans un état de délabrement insupportable. Nous n’avons pas bénéficié de réalisations et maintenant on va nous demander de payer. Bien sûr, il y a la continuité du service mais nous héritons d’une situation de catastrophe.»

Et puis, il faudra aussi faire un ultime inventaire : celui des chantiers non achevés. «A Mamoudzou, j’ai visité une école construite à 75% mais les 25% qui restent coûteraient 3,5 millions ! Je voudrais donc connaître ce qui est commencé et qui pourrait être fini sans que ça coûte trop cher», indique Seymour Morsy… D’autant que ces chantiers ont déjà été payés par l’Etat qui voudra probablement finir par savoir à quoi a été utilisé son argent.
Avec les deux liquidateurs, voici enfin venu l’heure du grand inventaire… avant, un jour, celui des comptes ?
RR
Le Journal de Mayotte

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