La note d’information du mois de mai de la direction de l’évaluation et de la prospective révèle que 75,41% des jeunes Mahorais sont handicapés par des difficultés en lecture. La dégradation est continue est c’est étonnement le Medef qui réagit le premier.
Alors que le président de la République parle d’égalité réelle, l’échec de l’éducation nationale Outre-mer est mesuré, année après année, et particulièrement à Mayotte, où la compréhension de l’écrit ne cesse de se dégrader.
75,41 % des Mahorais de plus de 17 ans sont «handicapés par des difficultés de lecture». Ces statistiques ont pu être établies en 2014 auprès des jeunes de 17 ans ou plus, de nationalité française, qui ont participé à la journée défense et citoyenneté (ancienne JAPD).
« C’est d’abord le niveau en compréhension de l’écrit (traitements complexes) qui distingue les jeunes ayant des difficultés de ceux qui n’en ont pas », précisent les auteurs de l’étude. Le degré de connaissance du vocabulaire et le niveau lexical permettent ensuite de repérer les jeunes qui ont de sévères difficultés de lecture qui peuvent être assimilées quasiment à de l’illettrisme.
Mayotte très loin derrière
A l’échelle nationale, 4,1 % des jeunes français sont dans ce cas mais les résultats sont bien supérieurs dans les départements ultramarins, «inquiétants» est un bel euphémisme.
La Réunion est le DOM qui s’en sort le mieux (27,3 % de jeunes en difficulté), suivent la Guadeloupe (30,94 %), la Martinique (31,12 %) et la Guyane (47,88 %). Mayotte estdonc et de loin le département français où la situation est la plus critique.
Le plus incroyable est que la situation se dégrade encore : si 75,41 % des jeunes Mahorais avec des difficultés de lecture en 2014, ce chiffre était de 74,9% en 2012, 72,8% en 2011 et même de 70% en 2010… La catastrophe éducative n’est donc pas un héritage, c’est une construction du présent.
Le Medef veut des chantiers
Ce week-end, de façon assez peu habituelle, c’est le Medef qui a le premier réagi dans un communiqué, portant le débat à un endroit où on ne l’attendait pas. Après avoir interpellé la directrice de l’ARS sur le désert médical, le voici qu’il parle de l’éducation nationale dans notre département comme d’une «urgence républicaine». C’est, à nouveau, de l’attractivité de Mayotte dont il est question.
Thierry Galarme, le patron des patrons à Mayotte, évoque d’abord chantiers et travaux, avec des constructions en panne, «des appels d’offres de constructions scolaires non-sortis», ou non-attribués, aussi bien pour les équipements scolaires que sportifs. Mais il va au-delà, pointant du doigt un «système éducatif (…) perçu à Mayotte comme inférieur à ce qu’il est en métropole. Ceci n’est pas seulement dû à une problématique de locaux ou de moyens mais nous avons pu constater une sous-motivation d’une partie des enseignants mutés à Mayotte», indique le Medef.
Le débat sur le 1er degré
S’interrogeant sur une «nouvelle génération sacrifiée», le Medef évoque aussi des parents «pénalisés» par le manque d’emploi dû à la crise du BTP. «Il est donc URGENT que les pouvoirs publics se mobilisent sur ce dossier au nom de l’égalité des citoyens mahorais» et de l’accès au service public de l’Education nationale de leurs enfants, conclut le patronnat.
Si le débat sur les constructions scolaires est récurrent, celui sur le premier degré mériterait enfin d’être abordé de face. La mise en place d’une évaluation des enfants à l’entrée du CM2 sera peut-être l’occasion de mesurer encore plus précisément les problèmes de l’apprentissage du Français pour enfin les résoudre.
RR
Le Journal de Mayotte