Peu d’habitants avaient répondu présents à Koungou pour un point d’étape de la politique européenne. La prise de conscience est un problème, surtout dans une commune où la population est en renouvellement constant.
Lourde tâche pour la DEAL (Direction de l’Environnement, de l’Alimentation et du Logement) et le Comité de Bassin de Mayotte : il fallait parler Directive cadre sur l’eau, SDAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion des eaux) et politique communautaire, à une population de Koungou peu mobilisée et peu acquise au vocabulaire administratif. Une consultation publique pas encore passée dans les mœurs.
Ces acteurs cheminent malgré tout à travers les villages* de Mayotte pour prêcher la bonne parole : celle de l’Europe qui rejoint cette fois à coup sûr, l’intérêt du territoire, avec des obligations à remplir en matière d’assainissement et de gestion des déchets. Ils étaient ce jeudi à Koungou après avoir consulté la population de Chiconi, Bandraboua, Mtsamboro, Dzaoudzi et Sada.
Le challenge est de trouver la méthode pour sensibiliser la population et tendre vers un lagon et des eaux de rivière et souterraines à 100% saines en 2033. Une date qui paraît lointaine et qui nécessite des échéances : en 2021, nous devrons avoir fait la moitié du travail et présenter 50% d’une ressource de qualité.
Police de l’environnement
Pour y arriver, il faut préserver l’existant, éviter qu’il ne se dégrade davantage sous l’effet de l’érosion et de la déforestation, de la pollution par les déchets ou par le rejet des eaux usées. Préserver la capacité de la ressource est en cause, l’île doit éviter la pénurie.
Il faut donc aussi sécuriser l’alimentation en eau potable, en protégeant notamment les captages des animaux ou des lessives dans les rivières.
Comment sensibiliser la population ? Pour l’adjoint au maire de Koungou, Mdallah Mahamoudou, par ailleurs vice-président du Syndicat des eaux et d’assainissement de Mayotte (Sieam), la population n’est pas encore prête : « les gens sont négligents par rapport à l’eau. De plus, ici à Koungou, nous avons un grand brassage de population », un fort taux de population venue d’Anjouan concentrée sur des besoins vitaux quotidien.
Mais la quinzaine d’habitants présents étaient plutôt motivés : « Comment faire pour enlever les pneus et les couches qui polluent le lagon ? », interrogeait l’un, « Pourquoi ne sanctionne-t-on plus en cas de déboisement alors qu’avant il y avait une police de l’environnement ? ». Des habitants qui apprenaient qu’une station d’épuration est prévue à Koungou : « les terrains sont acquis », précisait le représentant du maire.
Ce SDAGE qui met en œuvre la politique de l’Europe dans le domaine de l’eau, tiendra compte de la consultation de la population mahoraise. Il ne faudra donc pas se plaindre à posteriori d’une inadéquation des méthodes si l’implication n’est pas au rendez-vous aujourd’hui… Un SDAGE validé par le préfet fin 2015, et qui bénéficiera de 1 milliard d’euros à investir sur la période 2016-2021.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
* Dembéni le 26 mai, Boueni le 28 mai, Mamoudzou le 1er juin, Kani Keli le 2 juin, Acoua le 4 juin, Ouangani le 8 juin, Mtsangamouji le 9 juin, Pamandzi le 11 juin, Chirongui le 15 juin et Bandrélé le 16 juin