Inter Iles Air, la petite compagnie qui voit grand

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Le Cessna 208 vient d’atterrir à Anjouan

L’achat d’un nouvel appareil marque la première étape d’une extension régionale d’Inter Iles Air. Un défi difficile à réaliser, mais son directeur ne manque pas de volonté.

Événement rare dans la région : un Cessna 208 Grand Caravan flambant neuf a été livré vendredi dernier depuis les Etats Unis. Il desservira les quatre îles de l’archipel des Comores. Avec déjà deux Cessna 404, un Cessna 207 et un SAAB 34, la compagnie Inter Iles Air affiche un état de santé qui semble encourageant. Pour Seffoudine Inzoudine, son directeur général et créateur, c’était une question de survie, après l’amerrissage forcée de son Embraer 120 en 2012, et face à l’arrivée d’Ewa Air, filiale de la Réunionnaise Air Austral, qui a annoncé une desserte d’Anjouan en février 2014 ainsi que le positionnement de AB Aviation (*), annoncée sur Mayotte en janvier 2014… « On ne va pas baisser les bras, sinon on meurt ! ». Il annonce des prix d’appel de 200€ aller-retour en octobre sur la desserte de Moroni, soit près de 50% de moins que la concurrente Ewa Air.

Diplômé de l’IRA de Lyon (Institut Régional d’Administration), celui qui a créé sa compagnie en 2008, « parce que j’avais un frère pilote », annonce déjà la prochaine étape : « nous allons attaquer le marché régional vers Dar-Es-Salam et Djedda ». Il va pour cela se doter d’un ATR 42 et a engagé des pourparlers pour louer un B737-500 qui desservirait Dubaï. Des appareils susceptibles d’atterrir sur les 1400m de piste de Ouani (Anjouan).

Un programme ambitieux pour la compagnie, une société de 50 salariés et au capital de 12 millions de francs comoriens (24 000€), « que nous allons augmenter puisqu’il ne reflète plus la réalité ».

Un kérosène au goût de monopole

Pour réussir, Inter Iles Air devra vaincre un de ses démons : l’absence de ponctualité… départs retardés, allers-retours annulés, Seffoudine Inzoudine - copieSeffoudine Inzoudine devra assurer à sa clientèle une régularité que proposent ses concurrents : « ce Cessna est là pour ça ! » assure-t-il. L’accent a été mis sur la formation puisque les pilotes, dont son frère, ont suivi une formation à Wichita au Texas, siège de Cessna.

Et pour vanter les mérites de son nouvel achat de 2,3M$, et en attendant l’accord de Paris pour la desserte de Mayotte, rien de mieux que de convier la presse mahoraise pour un aller-retour Dzaoudzi-Ouani (Anjouan) ce dimanche 22 septembre. Le vol fut précédé par un contrôle inopiné de la DGAC. Les vols commencent dès lundi vers Moroni.

L’intérieur blanc cassé du Cessna fait penser à un jet privé dans lequel on ne peut néanmoins se tenir debout. Ses deux points d’avitaillement actuels en kérosène sont Mayotte et Grande Comore, non sans contraintes : « un fût de 200 litres, livré au port à Anjouan par une société anglaise, m’est facturé 235€, contre 485€ pour la même quantité à Total Mayotte ! ». Les effets du monopole de la société pétrolière sont régulièrement dénoncés par les compagnies aériennes comme impactant les tarifs.

Un voyage initiatique puisque les journalistes ont pu fouler, la plupart pour la première fois, le sol anjouanais.
A. P-L.

(*) AB Aviation, directeur Bourhane Ayad, franco-comorien. Vols réguliers et d’affaires. Référent à Mayotte: Mohamed Ali Hamid, président CCIM, présente au capital d’Ewa Air…

 

 

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