Alors que le maire de Chiconi tente de convaincre son personnel communal des bienfaits ultérieurs de sa politique d’austérité, nous nous sommes tournés vers le président de l’association des maires, Saïd Omar Oili, pour tenter d’entrapercevoir des portes de sortie pour les mairies.
La fusion des communes fait l’actualité en métropole. C’est la solution proposée par l’Association des maires de France à la baisse de dotation de l’Etat qui touche leurs investissements, « ce sera la catastrophe en 2017 », prédit son président François Baroin. A Mayotte, en attendant de connaître les recettes exactes produites par l’octroi de mer, les communes broient du noir.
400 000 euros. C’est ce que Zaïnoudine Antoyissa a réussi à économiser depuis un an qu’il est à la tête de la mairie de Chiconi, et malgré des mesures drastiques de baisse des indemnités des élus et de remise en ordre de la politique sociale. Son déficit n’est plus « que » de 2,4 millions d’euros. Des perspectives peu engageantes qui impliquent de trouver des solutions en urgence.
L’union fait l’Interco
L’union est la première d’entre elles, souligne Saïd Omar Oili, maire de Dzaoudzi Labattoir et président de l’association des maires. Il est vrai que la division des communes en deux associations n’avait jusqu’à présent pas aidé à parler d’une seule voix à Paris, alors que les 36 000 communes hexagonales étaient rassemblées sous une seule bannière. C’est réparé, et même si des discordes se font sentir, Saïd Omar Oili sera parvenu à réunir les 17 communes mahoraises sous un même toit.
Il peut désormais passer à la deuxième partie du plan, proposer un rassemblement en intercommunalités, comme il vient de le faire en Petite-Terre avec Pamandzi. Elles permettent de mutualiser les moyens avec une économie d’échelle, tout en bénéficiant de dotations supplémentaires. « Certaines d’entre elles se dessinent naturellement, mais sans accord rapide, c’est l’Etat qui va l’imposer », indiqué l’élu.
Du côté des recettes, le président tente de récupérer l’intégralité de l’octroi de mer, « soit 70 millions d’euros. Les communes s’en sortiront dans ce cas. Nous venons déjà de récupérer 20 millions d’euros ».
Des charges supplémentaires
D’autre part, Dzaoudzi vient d’encaisser 9 000 euros des contraventions, « une heureuse surprise »… pas pour tout le monde.
La réalité de la délinquance rattrape aussi les maires : « face à la dégradation des écoles, j’ai recruté en CDD une cinquantaine de gardiens qui surveillent nuit et jour les 136 classes de la commune. » Un budget d’un million d’euros qu’il pourra peut-être récupérer s’il fait installer alarmes et caméras de surveillance, quitte à ne pas renouveler les contrats à durée déterminée. Ce qui va à l’encontre, soit dit en passant, de la politique sociale qu’il avait menée à la tête de la collectivité départementale, « nous avons des prestations sociales maintenant », sourit-il.
Il faut donc selon lui encourager toutes les initiatives de bonne gestion, surtout que le service des pompiers (SDIS) est désormais à leur charge, et qu’il va falloir payer l’évolution des salaires liée à l’indexation.
Une pression qui l’a incité à demander au président du département de réactiver les contrats territoriaux qu’il avait mis en place lorsqu’il était à la tête du conseil général : le département finance des investissements de projets proposés par les communes sur 3 ans. « C’est grâce à ça que le stade de Dzaoudzi ou la mairie de Mamoudzou ont vu le jour ». Un outil qui pourrait permettre au conseil départemental de récupérer une partie de l’octroi de mer, après entente entre les deux présidents.
Et Said Omar Oili voit plus loin : « après l’intercommunalité, j’envisage de proposer le passage des deux communes de Petite-Terre en agglomération. Dans ce cas, on triple les dotations ! »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte