Le Premier ministre a entamé sa visite à Mayotte par la signature du document Mayotte 2025 aux côtés du président Soibahadine Ibrahim Ramadani. L’occasion de faire quelques annonces, en particulier sur la sécurité.
«Mayotte a fait le choix de la France et personne ne reviendra jamais là-dessus». Manuel Valls a entamé son discours dans l’hémicycle Younoussa Bamana, ce samedi matin, en rappelant fermement que «Mayotte, c’est pleinement la France et la France, c’est pleinement Mayotte». Et pour porter cette «ambition incontestable de l’ancrage de l’île au sein de la République», le Premier ministre est venu conclure le document Mayotte 2025.
Le document est structuré en 6 points, nous aurons l’occasion d’y revenir plus en détail : un cadre institutionnel performant (achever la départementalisation et rendre les collectivités plus efficaces), une éducation (formations et insertion) de qualité, un tissu économique développé, un secteur sanitaire exemplaire, un politique de l’habitat adaptée et enfin une gestion durable des richesses naturelles.
Sur ce dernier point, le Premier ministre annonce la volonté «de réfléchir et de travailler» pour inscrire le lagon au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Département et Etat, ensemble
Le 2e document, que Manuel Valls est venu signer, est le CPER, le contrat de Plan Etat-Région avec le président du conseil départemental. Ce sont 378 millions d’euros (dont 185 pour le conseil départemental) qui seront injectés à Mayotte pour les transports inter-urbains et maritimes, les équipements sportifs et culturels, les infrastructures sanitaires et sociales mais aussi des grands projets d’infrastructures : piste longue, 3e quai au port de Longoni, contournement routier de Mamoudzou.
Une somme à laquelle se rajouteront les fonds européens pour 350 millions d’euros.
«Travailler ensemble». C’est le premier message porté par le président du conseil départemental à l’adresse du Premier ministre. «La politique menée par le département pendant les cinq prochaines années sera stratège et non tacticienne», a indiqué Soibahadine Ibrahim Ramadani à Manuel Valls, pour que la coopération prime «sur toute tentation d’affrontement».
Un peloton de gendarmerie et des fonctionnaires pour la PAF
Mais le président prévient : «deux enjeux menacent toute possibilité de développement harmonieux de notre territoire». Le premier, c’est évidemment l’insécurité avec des moyens de l’Etat qu’il juge «insuffisants».
Le 2e est l’immigration clandestine qui atteint «un seuil critique». C’est probablement la première fois qu’un président de la collectivité départementale aborde, de façon aussi solennelle, ces deux questions de société essentielles.
Le Premier ministre lui a répondu. Sur la question de la sécurité, un peloton de gendarmerie supplémentaire arrivera à Mayotte dès le mois d’août. Quant à l’immigration clandestine «qui fragilise la cohésion de l’île», le Premier ministre veut «éviter les faux débats». «La loi s’applique ici comme ailleurs», a-t-il posé fermement repoussant la question du droit du sang.
Manuel Valls annonce l’arrivée de 44 agents de la Police de l’air et aux frontières (PAF) qui pourront travailler avec le nouveau CRA (centre de rétention administrative) livré en septembre, «enfin digne de la République».
Quant à l’assouplissement du «visa Balladur», pas question de l’envisager tant que l’Union des Comores ne s’engagera pas dans une régulation des flux migratoires.
«Bouge-toi Manu !»
Davantage d’élus, le président Ramadani en demande 38 pour assumer pleinement les attributions de la collectivité unique. Le Premier ministre lui répond que cela «fait partie de notre feuille de route.»
Enfin pour les Jeux des îles, le président demande que les athlètes mahorais puissent arborer le drapeau français et gagner au son de la Marseillaise. Le Premier ministre ne s’est pas prononcé.
«On me dit, ‘Bouge-toi Manu!’ On se bouge et pas seulement Manu. Il faut que tout le monde se bouge pour Mayotte !» a conclu le Premier ministre.
Après la signature des deux documents, le convoi est parti en direction du sud, à Chirongui, où Manuel Valls, Najat Vallaut-Belkacem et George Pau-Langevin doivent visiter le groupe scolaire de Poroani.
RR
Le Journal de Mayotte