Immigration et insécurité, les pistes de Manuel Valls pour Mayotte

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La délinquance et le flux migratoire depuis l’Union des Comores sont deux des préoccupations des Mahorais, sur lesquelles Manuel Valls est revenu devant les journalistes locaux et nationaux samedi soir. Avec une grande fermeté sur la représentation française aux Jeux des Iles.

Manuel Valls entouré pour la conférence de presse de George Pau-Langevin et Najat Vallaud-Belkacem
Manuel Valls entouré pour la conférence de presse de George Pau-Langevin et de Najat Vallaud-Belkacem

La sécurité est le sujet sur lequel la population attendait Manuel Valls. Des panneaux 4 par 3 qui dénonçaient les cambriolages, les agressions, et la situation des mineurs isolés qui lui étaient adressés ne l’ont pas laissé de marbre, « au moins, ils n’étaient pas agressifs », nuancera-t-il devant les médias.

Mais les 16 gendarmes annoncés semblent un effectif bien maigre pour faire changer à eux-seuls la configuration insécuritaire vers laquelle l’île évolue, d’autant qu’il s’agit de gendarmes mobiles, donc permutés tous les trois mois… Un accroissement des effectifs de brigade aurait été plus judicieux. Mais pour Manuel Valls, il faut aussi prendre en compte les 44 policiers qui viendront grossir les rangs de la Police aux Frontières, « autant de gendarmes dégagés pour la sécurité des plages ou des sentiers. »

Mais comme on ne peut pas mettre un gendarme derrière chaque bananier, d’autres moyens viennent en appui : « le Conseil de Sécurité et de prévention de la délinquance, car seules 9 communes sur 17 s’en sont dotées, la protection de l’enfance, la vidéo surveillance, mais qui implique que les communes mettent en place l’éclairage public. »

« Donnez-moi des solutions contre l’immigration ! »

Éviter la déscolarisation
Éviter la déscolarisation

Il ne veut pas de Zone de sécurité prioritaire, « on nous l’a demandé pour tout le territoire, or cela ne se justifie pas. » Le préfet Seymour Morsy rajoutait les 170 médiateurs affectés dans les villes et les villages, « et l’aide à la parentalité ». En outre, le premier ministre rappelait que l’errance des jeunes prenait aussi ses sources dans l’échec scolaire, « il y a ensuite déscolarisation et errance. L’éducation est essentielle sur ce territoire ».

L’autre grande préoccupation des habitants est l’immigration clandestine évaluée à 80.000 étrangers en situation irrégulière. Le flux migratoire sature les services hospitaliers, les écoles, et laisse des mineurs isolés dans les rues. Manuel Valls n’a à aucun moment évoqué les contradictions du système qui impliquent certains habitants utilisant cette main-d’œuvre à bas coût, pour se concentrer sur la difficile recherche de mesures : « Donnez-moi une solution ! », lançait-il aux journalistes, en réponse aux questions.

Une preuve des difficultés qu’ont les services de l’Etat, et sur le thème ‘faute avouée à moitié pardonnée’, sur ce problème complexe, avec des reconduites à la frontière qui avoisinent prés de 20.000 en 2014, la moitié des chiffres nationaux, et dont la moitié environ retente la traversée. Pas question d’ouvrir la discussion sur le droit du sol, « si nous abordons ce débat ici, il faudra le faire sur l’ensemble du territoire. Et ce n’est pas faute de prendre des mesures rudes pour notre gouvernement, comme le retour massif depuis Calais. »

Corinne Ledoux remplacée

"Fier d'être comorien"
« Fier d’être comorien »

Seul un travail avec l’Union des Comores pourra dénouer la situation, « nous devons maintenir la pression sur leurs dirigeants », appuie Manuel Valls. Elle pourrait prendre la forme du visa Balladur pour lequel le premier ministre n’envisage aucun assouplissement sans politique volontariste de l’Union des Comores de régulation des flux migratoires. Un marché donnant-donnant.

Mais qui devra être accompagnée d’un programme permettant de proposer aux populations des autres îles ce qu’elles ne trouvent pas chez elles, une santé et une éducation que ces territoires ont perdues. La coopération régionale ayant montré son inefficacité, il faudra cibler les propositions et y mettre les moyens, « comme l’accompagnement d’un hôpital à Anjoua ».

La 3e édition du Haut Conseil paritaire se tiendra d’ailleurs les 23 et 24 juin à Paris, vraisemblablement sans Claudine Ledoux, Ambassadrice déléguée à la coopération régionale dans le sud de l’océan Indien, « elle sera remplacée », glissait Manuel Valls.

La non-reconnaissance de Mayotte-française par l’Union des Comores ravive régulièrement des tensions, notamment sur les anodins Jeux des Iles. Sur ce sujet, Manuel Valls se veut très ferme : « pour la future édition, les athlètes mahorais qui remporteront des épreuves chanteront l’hymne national, en tenue de l’équipe de France et sous le drapeau français. »

Le premier ministre a annoncé la création d’un espace de dialogue républicain pour l’islam, « la même instance qu’entre l’Eglise catholique et le premier ministre ». Un débat dont on ne peut se passer, « on tue au nom de l’islam, il faut trouver la place de cette religion dans les sociétés européennes ».

« Il faut changer de discours pour les Outre-mer et responsabiliser ces territoires », appuyait le premier ministre, qui ajoutait, «  il y a un réel potentiel pour ce territoire de Mayotte, d’ailleurs la ministre de l’Education nationale en est tombée amoureuse. »

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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