M. Valls pose la première pierre de l’hôpital sur des fondations fragiles

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Manuel Valls, hôpital, Mayotte
Manuel Valls pose la 1ère pierre du nouvel hôpital de Petite Terre

Le premier ministre annonçait la création de 40 places d’infirmiers à domicile lors du lancement de la construction de l’hôpital de Petite-Terre. Mais le CHM croule sous les soins dont plus de la moitié ne sont pas remboursés… un gouffre pour les finances publiques.

Présentation du projet

L’Etat s’était engagé sur ce projet qui permet de désengorger le Centre Hospitalier de Mamoudzou : la première pierre de l’hôpital de Petite Terre, dont le JDM vous avait dévoilé le projet en exclusivité, vient d’être posée par le premier ministre Manuel Valls.

Et sur un site qui a une histoire comme le rappelait le maire de Pamandzi, Mahafourou Saïdali : « terrain sur lequel était implanté le centre téléphonique dans les années 70, il était auparavant le seul point d’eau du quartier, comme en témoignent les vestiges du lavoir encore présents, qu’il faudrait d’ailleurs classer. »

C’est le sénateur Thani Mohamed Soilihi qui dresse le premier un constat sévère du secteur de la santé sur l’île : « une offre de soin inexistante à Mayotte, non compensée par une médecine libérale absente. Nous devons faire baisser la charge sanitaire liée à l’immigration clandestine. Car si les soins sont gratuits au CHM, la population mahoraise en ville doit s’acquitter, elle, d’un ticket modérateur. Monsieur le premier ministre, sans éradiquer ce fléau, aucune politique publique ne sera efficace. »

Offre de soin pour les personnes âgées

Le député Boinali Saïd Toumbou prendra le relais pour faire le constat d’une île « qui se vide de ses médecins et de ses enseignants ».

Mayotte connaît en effet le taux le plus bas de médecins rapporté à la population, comme le rappelait Manuel Valls qui poursuivait cet état des lieux « 30 médecins libéraux (ils seraient en réalité 17, ndlr) pour 212.000 habitants,  8.000 naissances par an avec une activité médicale qui ne cesse de croitre en raison de l’immigration des Comores ».

Le premier ministre place beaucoup d’espoir dans ce nouvel hôpital initié par le docteur Martial Henry, qui offrira des soins de suite d’hospitalisation, « et qui devra s’ouvrir aux personnes âgées et à l’offre médico-sociale. J’annonce d’ailleurs 40 places de services infirmiers à domicile pour les personnes âgées ». Une mesure qui ne crée pas l’engouement espéré chez les soignants, « beaucoup de patients n’ont ni eau, ni électricité, comment les soigner chez eux ? »

Discours des officiels

Plus de 60% de non-affiliés sociaux

Pour contrer la désertification médicale, une mesure a été prise, l’Indemnité particulière d’exercice pour les médecins du CHM. Une mesure critiquée par le corps médical qui n’y voit qu’une compensation de la fiscalisation d’une prime qui ne l’était pas, « et nous devons en contrepartie nous engager quatre ans sur un territoire où l’insécurité monte », critique un médecin qui ne l’a pas signée.

D’autre part, la situation devient critique avec plus de 60% de non-affiliés sociaux, comme nous l’explique ce médecin, « dont 22% de plus en une année en 2014 ». Un gouffre donc pour l’Etat qui ne pourra pas investir ainsi sans fin dans la santé, alors qu’une grande partie de la demande émane des îles voisines. Manuel Valls a d’ailleurs émis l’idée de financer une structure hospitalière en Union des Comores.

Le premier ministre appuie l’idée d’aller débaucher les jeunes internes dès leur diplôme en poche, « nous devons aussi coopérer avec le CHU de La Réunion pour que les Mahorais accèdent aux études de santé ».

Le vieux lavoir dans un piteux état

L’investissement de l’hôpital de Petite-Terre se monte à 27 millions d’euros, dont 64% de fonds européens, et 4,45 millions d’euros du ministère de la Santé, le reste étant autofinancé.

Certains domaines comme la vaccination ou la lutte contre les carences alimentaires relèvent des collectivités, « vous attendez beaucoup de l’Etat, mais nous attendons beaucoup de vous. », concluait Manuel Valls sous un soleil écrasant.

De nouvelles offres donc, susceptibles de désengorger le CHM, mais qui en proposant de nouveaux services pourraient aussi inciter à de futures migrations vers Mayotte.

Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte

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