Mayotte est terre de passage, que certains marquent de leur empreinte en y apportant leur engagement au profit de la jeunesse ou de l’économie. Philippe Gimenez, chef de base pour Gifmar, est de ceux-là.
Avant, lorsque les pétroliers arrivaient à Mayotte, ils étaient amarrés grâce aux services du remorquage portuaire. Depuis 2010, la société Total Mayotte s’offre les services d’un spécialiste en CBM, pour Conventional Buoy Mooring, amarrage et bouées, de la société Jifmar. « Une montée en puissance de la sécurité », pour Philippe Gimenez, qui fut en tant que chef de base (« mooring master », pour coller à la réalité), le précurseur à Mayotte.
Ce sont 12 pétroliers qui viennent approvisionner l’île chaque année. Embarqué à bord dès son arrivée dans le lagon, le mooring master y reste pendant la durée des opérations de déchargement, « pour 28 heures de veille afin d’assurer la sécurité et l’interface terre-mer », explique-t-il à la veille de son départ de Mayotte.
A ce titre, il a eu la douloureuse expérience de vivre le décès d’un des hommes du lamanage, lors de l’amarrage du pétrolier High Freedom en janvier dernier : « un drame qui a permis de faire prendre conscience à tous les acteurs des enjeux sécuritaire de ce genre d’opération, et de leur nécessaire formation et préparation à tous les cas de figure. »
« L’accueil des Mahorais m’a beaucoup apporté »
En dehors des arrivées de pétroliers, il assure la maintenance du site à terre et en plongée, et notamment des chaînes, des bouées, etc.
Ce n’est pas vraiment pour parler de son expérience dont il va de nouveau faire profiter le port de Sète dont il est originaire, que nous l’avons rencontré, mais pour évoquer son implication dans la vie mahoraise qu’il quitte à regret : « l’accueil des Mahorais m’a beaucoup apporté », explique celui qui fut encadrant des enfants et conseiller technique du club de foot Wana Simba, dirigé par Ibrahim Mahamoudou Boina.
Il part, mais veut transmettre avant : « l’avenir de Mayotte, c’est sa jeunesse. Les parents doivent s’impliquer pour eux et s’investir comme bénévoles dans les clubs sportifs et les associations où sont inscrits leurs enfants. Le président Ibrahim Boina se bat, il faut l’accompagner. »
Découverte sous-marine de l’épave de l’hydravion Catalina
Et de revenir sur les accompagnements qu’il a suivis, notamment à Nosy Be : « plusieurs parents se sont inscrits pour nous aider, mais sitôt arrivés sur place, ils n’ont pensé qu’à sortir et faire la fête, pendant que nous gérions leurs enfants. Nous avons donc fait signer par la suite, une charte de responsabilité. Et ça a très bien fonctionné, lorsque nous sommes partis à Diego, tout le monde a participé. »
Ce passionné de plongée avait notamment découvert, lors de relevé bathymétrique avec la Société de Travaux Maritimes Mahoraise des morceaux d’épave d’un des deux hydravions, le Catalina L/209, qui avait sombré dans le lagon pendant la deuxième guerre mondiale. «Une découverte qui m’a ému. De manière générale, je reste impressionné par la beauté des fonds sous-marins du lagon, et j’ai pourtant plongé en Polynésie et en Mer Rouge »
Son pot de départ est à l’image de son passage à Mayotte, moteur du développement de l’île, puisqu’il était organisé chez Mayana Food, restaurant-brochettis de Majicavo Lamir, initié par la jeune Tasmia Abdourahamane qui vient de remporter le concours Talent dans la catégorie Commerce. « Il faut surtout écrire que nous étions beaucoup, 85 adultes et 26 enfants, dont des grands directeurs comme Total Mayotte ou La Poste, et que le service était impeccable », nous recommande-t-il avant de partir sous d’autres cieux où il continuera, en n’en pas douter, à faire avec sa femme Rosa et son fils Lucas, le service après-vente de Mayotte…
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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