Le bras de fer se durcit entre la compagnie Inter Iles Air et l’Union des Comores, et plus particulièrement à Anjouan. Et Mayotte sert encore de prétexte.
La compagnie qui hésite encore entre une appellation plus internationale Int’Air Iles et sa dénomination officielle, Inter Iles Air, est comorienne. Ses avions s’affichent d’ailleurs avec le code D6, « l’immatriculation des Comores », explique Hakime Ali Saïd, chargé de la communication chez Inter Iles.
L’aviation civile, qui se base sur la non reconnaissance par l’Organisation des Nations Unies (ONU) de la nationalité française de Mayotte, considère que les vols entre les quatre îles de l’archipel des Comores sont domestiques pour les compagnies locales. En résulte une taxe sur l’aviation civile moindre.
Différentes taxes sont inclues dans le billet d’avion, dont la taxe d’aviation civile, reversée à l’Etat, et perçue pour chaque vol au départ du territoire. Elle est de 16 euros par passager pour les compagnies locales, et de 55 euros pour les autres.
Le peuple paie pour ses dirigeants
« Mais depuis 5 ans, quelques ministres comoriens ont décidé de demander la taxe internationale aux compagnies qui desservent les Comores. Et de ne plus considérer Mayotte comme Comorienne », nous explique Hakime Ali Saïd, « une décision illégale, l’aviation civile n’ayant pas la liberté de prendre position seule ».
Les compagnies ont alors tout le loisir de répercuter cette hausse de charge dans leur billet, « ce que fait Air Austral qui devrait pourtant payer la taxe locale sur les vols Mayotte-Moroni ». Mais ce que refuse Inter Iles, « nous ne voulons pas spolier le peuple », défend Hakime Ali Saïd, qui souligne la prise de position du président de l’Union des Comores Ikililou Dhoinine, « il considère Mayotte comme française. Nous avions donc recommencé à payer la taxe locale ».
Lorsque ces crises surviennent, Inter Iles Air exerce son droit de recours, « nous gagnons systématiquement, sans pour autant parvenir à être remboursés de notre paiement au tarif international ». Cette fois ci, la compagnie a refusé d’obtempérer alors que la ministre des transports a de nouveau tenté d’imposer la taxe internationale, « il n’y a plus d’argent dans les caisses, ils le prennent donc où ils veulent ».
Les sujets du Bac, un commerce
Un fait divers pourrait jouer en faveur du PDG d’Inter Iles, le franco-comorien Seffoudine Inzoudine : ce mardi, le mari de la ministre des transports, Directeur des examens et concours des Comores, à été placé en garde à vue à Moroni : il est accusé d’avoir vendu les sujets du Bac lors des épreuves. Un événement qui pourrait décrédibiliser la ministre, « nous attendons en tout cas une décision possible du président Ikililou ».
Entretemps, Seffoudine Inzoudine a noué des contacts avec une compagnie aérienne de Dar Es Salam : « nous mettons nos avions à son service. ». Il nous indique que le dernier Caravan livré, commencera son premier vol demain jeudi vers la Tanzanie. Et tient à souligner que 70 emplois sont en jeu dans les quatre îles.
Célébration de l’indépendance des Comores à Mayotte
Outre le remboursement des billets, l’arrêt des vols sur l’Union des Comores depuis lundi, a plusieurs conséquences : « l’accueil populaire de l’ex-président Sambi à Anjouan est reporté, et ma manifestation en mémoire de l’anniversaire de l’indépendance de l’union des Comores risque de suivre le même chemin », glisse Hakime Ali Saïd. Il est en effet aussi candidat à la tournante qui préside à l’Union des Comores, qui devait en 2016 revenir à Mayotte.
Inscrite dans la Constitution, elle n’a pas été validée, l’Etat comorien considérant Mayotte sous occupation. Le porte parole du gouvernement comorien et le président du comité de paix de l’union Africaine ont fait savoir il y a un mois, que la tournante de 2016 sera réservée à la Grande-Comore, et que seuls ses ressortissants peuvent être candidat.
Originaire de Mayotte, Hakime Ali Saïd maintient malgré tout sa candidature et se préparait à organiser à Mayotte lundi 6 juillet : « une manifestation pour cette date du 40ème anniversaire de l’indépendance des Comores, avec mon équipe de 37 personnes, dont des journalistes et un vice-président par île ». Ils devaient atterrir ce samedi 4 juillet à bord de deux vols Inter Iles. Un événement unique, « C’est la première fois depuis l’indépendance des Comores qu’une cérémonie en liaison directe avec l’histoire politique de l’archipel des Comores devrait se dérouler à Mayotte , l’île revendiquée par Moroni. »
Pour l’instant, c’est toujours le blocage à Anjouan, également desservie par Ewa Air et AB Aviation. Inter Iles, elle, a mis le cap sur Dar Es Salam.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
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