«Mettre la pression sur les questions de délinquance»

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Le préfet participe à une action de la gendarmerie sur l’îlot Mtsamboro. Il annonce une dizaine d’opérations de lutte contre toutes les formes de délinquance par semaine. 

Le colonel Gouvart explique les chemins choisis pour l'opération au préfet Morsy avant d'embarquer
Le colonel Gouvart explique les chemins choisis pour l’opération au préfet Morsy avant d’embarquer

Rendez-vous était donné sur les pontons de Petite et de Grande Terre vendredi à midi. Une double opération de gendarmerie était prête à être lancée sur l’îlot Mtsamboro. Les interventions des forces de l’ordre y sont régulières. La Légion étrangère y a même pris part et devrait renouveler l’expérience régulièrement. Mais la mission du jour était particulière : à bord de la Kondzo de la brigade nautique, le préfet Morsy et le colonel Gouvart de gendarmerie avaient pris place aux côtés des hommes mobilisés pour l’opération.

«J’ai enfin pris le temps de les accompagner, explique Seymour Morsy. Cela me semble important de venir voir comment ça se passe au moment où j’ai décidé qu’il fallait mettre la pression sur toutes les questions de délinquance». C’est donc sur l’îlot Mtsamboro que le préfet annonce «une dizaine d’opérations par semaine» et «l’ensemble de Mayotte est concerné», a-t-il précisé.

La réalité du terrain

En vue de l'îlot, véritable "hub" pour les trafics de migrants des Comores
En vue de l’îlot, véritable « hub » pour les trafics de migrants des Comores

Sur les îlots du nord, les opérations visent à déstabiliser les flux et les trafics alors que les kwassas en provenance d’Anjouan y déposent les migrants. Ils limitent ainsi les risques de se faire intercepter, beaucoup plus grands lorsqu’ils beachent sur Grande Terre. Ce vendredi, l’essentiel de la vingtaine d’hommes est parti sillonner les chemins et les layons vers l’ouest tandis que qu’à l’est, le préfet et le colonel de gendarmerie viennent constater la réalité du terrain.

«Généralement, il y a deux cas de figure, explique le colonel Gouvart. Soit on vient parce qu’on a eu des informations sur la présence de clandestins, par des appels d’habitants ou de pêcheurs, ou parce que nous avons eu des échos radars qui indiquaient l’arrivée de barques. Soit on vient d’initiative, pour effectuer des contrôles».

De lutte contre l'immigration clandestine à la sécurisation des plages ou des routes, le préfet veut une dizaine d'opérations par semaine
De lutte contre l’immigration clandestine à la sécurisation des plages ou des routes, le préfet veut une dizaine d’opérations par semaine

Les zones d’attente

Une fois déposé, le préfet longe la longue plage, saluant les plaisanciers surpris de voir débarquer des gendarmes au milieu de leur pique-nique. Puis il remonte vers les crêtes, traversant les bananeraies et les anciennes orangeraies, pour rejoindre la côte Ouest. Les gendarmes lui expliquent les stratégies des passeurs, les lieux, les techniques et les pratiques de ce trafic humain. De-ci, de-là, des petits bangas en tôles. Ce sont les abris des cultivateurs mais ils peuvent aussi servir de zones d’attente pour les migrants.

«Ces opérations courtes permettent aussi de voir où en sont les zones d’attente, où elles se trouvent et si elles sont occupées», relève le colonel Gouvart. Les gendarmes y trouvent parfois des vêtements ou de la nourriture stockée, signes de passages récents ou prévus.

Les zones d'attentes expliquées au préfet
Les zones d’attentes expliquées au préfet

Dans ces endroits, les migrants patientent jusqu’à ce qu’on vienne les chercher de Mtsamboro mais aussi de plus loin, d’Acoua, de Koungou, pour une fin de traversée réalisée «par des pêcheurs peu scrupuleux ». Le prix de la dernière partie du voyage peut se monter à 300 euros… et parfois plus encore.

Les arrivées sont très irrégulières. «Ca dépend des conditions de mer ou de météo. Une fois, le passage de l’hélicoptère a permis de repérer 5 arrivées sur l’îlot au petit matin. Chaque kwassa transporte en moyenne 24 migrants et leur stratégie consiste à tenter «d’asphyxier» les forces françaises en arrivant simultanément à plusieurs endroits.

Un des nombreux morceaux de carapace de tortue trouvé sur le littoral de l'îlot Mtsamboro
Un des nombreux morceaux de carapace de tortue trouvé sur le littoral de l’îlot Mtsamboro

Le braconnage s’invite dans l’opération

Ce vendredi, les clandestins présents sur l’îlot sont parvenus à passer entre les mailles du filet mais 3 barques ont été récupérées pour destruction.

Et alors que l’on parle d’immigration clandestine, un autre sujet surgit : le braconnage de tortues. Des morceaux de carapaces sont retrouvés en plusieurs endroits de l’îlot. «On veut classer le lagon à l’UNESCO et on continue d’avoir des comportements de ce genre», se désole le préfet. Décidément, toutes les questions s’entremêlent.
«La sécurité routière, les cambriolages, les agressions sur les plages ou les chemins, le braconnage, l’immigration clandestine, ce sont de vrais sujets que l’on traite tous les jours», insiste le préfet.

La multiplication des actions, médiatisées ou non, devrait donc se confirmer tout au long de ce mois d’août. Hier dimanche, une vaste opération a d’ailleurs été menée par les gendarmes sur les plages du sud. D’Iloni à Saziley, l’objectif était de sécuriser, de conseiller, en particulier sur les bons comportements, et de rassurer.
RR
Le Journal de Mayotte

Sur les crêtes, les gendarmeries détaillent les stratégies de beachage des passeurs
Sur les crêtes, les gendarmeries détaillent les stratégies de beachage des passeurs
Les opérations régulières du Kondzo de la brigade nautique de la gendarmerie
Les opérations régulières du Kondzo de la brigade nautique de la gendarmerie

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