Un partenariat renforcé pour l’insertion des jeunes. La Mission Locale et Pôle emploi signent une convention pour proposer l’ensemble des dispositifs d’accès à l’emploi aux moins de 25 ans.
Dans un département où la moitié de la population a moins de 25 ans, l’organisation de tous les services pour favoriser leur accès à l’emploi doit être la plus efficace possible. En première ligne, Pôle emploi et la mission locale le savent. Ils ont signé hier jeudi une convention pour renforcer leur complémentarité et «donner une nouvelle impulsion» à leur travail commun, selon les mots de Dany Ramaye, le nouveau directeur territorial de Pôle emploi.
L’idée est que les deux institutions puissent proposer l’ensemble des outils et des dispositifs à destination des jeunes -et ils sont nombreux- pour qu’ils soient accompagnés dans la construction et la réalisation d’un vrai projet professionnel.
Actuellement, 2.820 jeunes de moins de 25 ans sont inscrits à Pôle Emploi à Mayotte. Mais ce chiffre, comme d’ailleurs le taux de chômage de 19,6%, n’est qu’une indication. Mayotte vit en effet une phase de normalisation des comportements et les inscriptions systématiques à Pôle emploi commencent à peine à entrer dans les habitudes. Une preuve : ils sont plus de 10.000 jeunes inscrits à la mission locale.
Du cas par cas
Malgré la masse, «il faut faire de la dentelle», souligne Guy Fitzer, le secrétaire général de la préfecture chargé de la cohésion sociale, venu parrainer cette signature. Il est en effet nécessaire de répondre à leurs besoins individuels, «y compris psychologiquement» pour les mettre en situation de prendre un emploi.
«Il faut s’occuper des jeunes pour qu’ils aient un avenir à Mayotte ou ailleurs», souligne Guy Fitzer, car l’économie mahoraise ne pourra pas absorber tout le monde. Il est donc important de proposer des formations pour offrir des débouchés à Mayotte mais aussi à l’extérieur, avec l’espoir de voir ensuite ces professionnels revenir pour occuper des postes à responsabilité.
Des jeunes à accompagner
A Mayotte, les jeunes inscrits à Pôle emploi se concentrent essentiellement dans 4 secteurs : l’aide à la personne (entretien, sécurité…), le commerce, le secrétariat et le bâtiment. «Les jeunes se répartissent en trois tiers : les titulaires d’un bac et plus, ceux qui ont un niveau CAP/BEP et un dernier tiers qui ont un niveau inférieur», constate Dany Ramaye.
Deux faits sont marquants: 94% ne disposent pas de moyens de locomotion et 84% n’ont pas d’expérience déclarée dans le monde du travail. «Ce n’est pas parce que j’ai le bac que je connais le monde du travail. Même pour les diplômés, il faut passer le cap de l’accès à l’emploi», relève Guy Fitzer.
Dans l’intérêt des entreprises
«On travaille pour les jeunes mais aussi les entreprises pour mettre en corrélation une offre et une demande», ajoute le secrétaire général.
Il s’agit donc aussi de permettre aux employeurs d’assurer un véritable tutorat et un accompagnement pour que ces nouveaux salariés acquièrent une expérience et des qualifications qui pourront leur servir. Pour autant, «les entreprises n’ont pas vocation à prendre un jeune parce que c’est un jeune», relève Guy Fitzer. Il faut donc que l’entreprise et en particulier les PME sortent aussi gagnantes avec l’arrivée du nouveau salarié.
Unir les forces
Grâce à cette signature, les agents des deux institutions pourront faire des immersions dans leurs services respectifs «pour pouvoir prescrire, des deux côtés, les différents dispositifs.» Une situation que résume Soiderdine Madi Chama, le président de la Mission locale : «Unir nos forces pour réussir dans une réelle complémentarité».
De son côté, l’Etat rappelle son engagement pour l’emploi des moins de 25 ans avec 3.400 contrats aidés à Mayotte qui représentent plus de 21 millions d’euros injectés en plus des emplois d’avenir et des emplois de génération et du travail fait par les acteurs de la formation… «C’est aussi une réponse évidente pour le vivre ensemble et contre la délinquance. Si les gens sont épanouis professionnellement, ils ne pensent pas à faire des bêtises», conclut Guy Fitzer.
RR
Le Journal de Mayotte