Les restes du petit bâtiment de l’ancienne aérogare des années 1950 ont été rasés à Pamandzi. Un destin inéluctable compte tenu de l’évolution de l’aéroport de Mayotte, la disparition d’un bout d’histoire.
L’émotion suscitée par la destruction de la vieille aérogare désaffectée de Pamandzi est aussi réelle que surprenante. Qui se souciait de ce bâtiment avant qu’il ne disparaisse? Laissée à l’abandon depuis des dizaines d’années, la construction avec ses murs réalisés avec du sable marin et donc salé, tombait en miettes.
Pour autant, elle offrait à l’aéroport de Mayotte une jolie particularité, celle d’accumuler 3 aérogares, chacune inscrite dans un morceau de l’histoire de notre île. Bien sûr, à Pamandzi, il y a la nouvelle aérogare inaugurée il y a un an et demi. C’est Mayotte, département français, qui accueille ses voyageurs.
L’ancienne aérogare, construite dans les 1980 et reconvertie en centre d’affaires (avec un lancement officiel ce lundi soir), raconte un peu de Mayotte après la séparation d’avec les 3 autres îles de l’archipel. Et au bout de la piste, se trouvait donc un petit bâtiment discret, qui portait la trace du Mayotte des années 50, celle d’une petite île reliée à Moroni et Madagascar par quelques avions à hélices.
La difficile réhabilitation
C’est cette ancienne aérogare blanche qui vient d’être détruite. Construite dans un style oriental, et comparable à celle qui fonctionne encore à Mohéli, elle était en service à une époque où le trafic aérien était faible et les réglementations aéronautiques n’étaient pas aussi draconiennes. Mais l’aéroport évoluant, le petit bâtiment et son manguier s’étaient retrouvés isolés, à proximité du bout de la piste, sans accès possible pour le grand public.
«Dans un aéroport, il y a une zone publique, côté ville, et une zone réservée, côté piste, où le public n’a accès qu’avec beaucoup de restrictions. Tout projet de réhabilitation, quel qu’il soit, n’aurait pas permis d’accueillir des visiteurs», explique Daniel Lefebvre, le directeur de la société d’exploitation de l’aéroport de Mayotte (SEAM).
Sans même parler du coût qu’aurait nécessité une telle réhabilitation, 400.000 euros qui semblent difficilement mobilisables pour un tel projet… Un musée ne pouvant recevoir du public, l’aménagement n’aurait pas manqué de susciter des railleries.
Le manguier n’est plus là
Quant à la disparition du manguier plus ancien encore que l’aérogare, elle va enlever des inquiétudes aux personnels de l’aéroport. Feuilles et oiseaux représentaient une nuisance qui n’avait été maintenue que par dérogation.
Après accord de la délégation générale de l’aviation civile (DGAC), de la préfecture et de la mairie de Pamandzi, il a donc fallu deux nuits, jeudi et vendredi dernier, pour faire tomber le bâtiment. Il va permettre d’agrandir la zone de parking. «Cet agrandissement sera nécessaire si, comme c’est prévu, Ewa se dote d’un 2e appareil», explique Daniel Lefebvre. C’est un peu de l’histoire de Mayotte qui disparait pour faire de la place à une compagnie aérienne en développement. Une époque en chasse une autre.
RR
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