Trois journées, du 20 au 22 octobre, sont consacrées à présenter un panel des actions sociales du conseil départemental. Que du positif, puisqu’il s’agit de mettre en perspective les effets bénéfiques du travail des directions de l’action sociale du département. Elles tenaient des stands d’information dans la cour de la MJC de Mroalé.
L’objectif du 4ème vice-président du conseil départemental, Issa Abdou, d’une égalité sur les autres départements en matière de social à la fin de la mandature est ambitieux. Notamment en raison du déficit budgétaire qui affecte le conseil départemental.
En attendant la première mesure portant sur la restructuration de la DSDS (Direction de la santé et du développement social) qui devrait intervenir d’ici quelques semaines, plusieurs actions ont été mises en place, et soulignées dans son allocution par Bernard Rubi, Directeur de la Jeunesse et de la Cohésion sociale : « l’observatoire des mineurs isolés, le Schéma départemental de l’organisation médico-sociale qui est bouclé, et trois autres sont en cours, sur l’Enfance et la famille, sur la Gérontologie et sur le Handicap » . Ils permettront de décliner les actions et les moyens financiers nécessaires. Un travail demandé par le Ministère des Outre-mer.
Le Pôle emploi investit son rôle social
Au sein de la population, quatre catégories sont en besoin d’aides sociales : les mineurs, les personnes en situation de précarité, les personnes âgées et les personnes handicapées. Pour ces deux dernières, le département peut maintenant proposer l’Allocation personnalisée d’Autonomie et la Prestation Compensation Handicap dont les décrets viennent d’être publiés ce 13 octobre.
La salle de la MJC était comble, avec notamment la présence du sénateur Thani Mohamed Soilihi, des représentants du Grand cadi, de la Conseillère économique et sociale et des maires de Tsingoni, Bouéni et Ouangani. Le directeur d’antenne de Pôle emploi Camar Elanziz, y tenait un discours appuyé sur le nouveau rôle social de sa structure, « ‘l’accompagnement global’, financé par le Fonds social européen, qui nous permet avec 5 conseillers, de suivre personnellement une centaine de personnes dont les freins sont identifiés, de l’illettrisme, aux difficultés financières en passant par le logement insalubre. » Un accompagnement du CD est attendu.
« Le préjugé est une maltraitance »
Ces trois journées sont placées sous le thème de la bientraitance. Pas franchement l’antithèse de la maltraitance qui demeure sous jacente, mais qui oriente malgré tout les regards différemment. Et c’est la PMI (Protection Maternelle Infantile*) qui touche au but : « Avoir un enfant, c’est lui donner de l’amour, de l’affection, jouer avec lui, le nourrir, l’éduquer, le soigner quand il est malade, le faire vacciner. Et il faut être deux parents à partager cet amour pour l’enfant. » De larges panneaux sont en évidence, « dans les PMI, ce sont les éducatrices qui font de la prévention et qui sont censées faire passer le message. »
L’Association pour Déficients sensoriels illustre la bientraitance en utilisant un négatif de photo : « face à une déficience visuelle ou auditive par exemple, on se fait souvent une représentation de trouble intellectuel, alors que ce n’est pas le cas. Le préjugé est une maltraitance ». Alors qu’il est facile de changer le comportement : « face à ces déficiences, l’interlocuteur va être tenté de ne s’adresser qu’à l’interprète du langage des signes, l’interface, alors qu’il faut se tourner vers la personne qui communique. Elle doit pouvoir exister par elle-même. » Ils sont 65 adultes et 70 enfants à être suivis par l’ADSM.
L’ouverture à l’autre malgré le regard sur le handicap
Tous les acteurs du département ne sont pas en capacité de dégager cette bientraitance avec autant de facilité, et une table ronde sur ce thème, prévue pour ce mercredi, sera bénéfique pour tous. C’est le cas des deux directions sur les personnes âgées et des personnes handicapées. Difficile de changer de perception et de chausser des lunettes à vision élargie. « Nous devons veiller à l’épanouissement de la personne », nous répondra-ton après réflexion, « à ce qu’elle ait sa place dans la société. Un travail qui ne peut être réussi qu’avec l’entourage familial »
Bien sûr, il était question de moyens, au détour de chaque conversation, mais sous l’angle « on fait avec ce qu’on a, si on en a plus, tant mieux ! »
Thani Mohamed Soilihi, également président et co-fondateur de Tama, assistait donc à l’inauguration : « cette Semaine doit permettre de mettre en adéquation la Cohésion sociale, ciment de notre société Mahoraise mais qui se désagrège, avec les nouvelles règles qui régissent le département. »
Les intervenants de la Maison des Personnes handicapées (MPH), disent pouvoir encore compter sur cette société traditionnelle mahoraise, « où un membre de la famille est toujours là pour prendre en charge un handicapé »… Malgré tout souvent laissé à l’abri du regard : « c’est parce qu’il n’y avait pas de notion d’ouverture aux autres. On cachait notre mal familial, d’autant qu’il était plus ou moins bien accompagné. » 3.000 dossiers sont traités à la MPH, « bien en deçà de la réalité de la société mahoraise. »
Une MPH à qui on laisse le mot de la fin : « on peut dire que nous sommes dans la bientraitance : par notre écoute et notre accompagnement, nous évitons l’essoufflement de la famille qui pourrait conduire à de la maltraitance. »
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
* Service du Conseil départemental qui assure le suivi médico-social des femmes enceintes et des enfants