Les 29 membres du barreau de Mayotte en grève. Ils bloquent les accès aux tribunaux ce mercredi matin alors que la Garde des sceaux et ministre de la Justice Christiane Taubira doit recevoir le conseil national du barreau à midi, heure de métropole.
ACTUALISATION 9h30. Les avocats qui bloquent le fonctionnement des audiences ce mercredi à Mayotte ont été reçu par le président du tribunal de Mayotte Laurent Sabatier et le procureur de la République Joël Garrigue.
Si le renvoi de toutes les affaires prévues pour être instruites ce jour a été acté, les avocats n’ont pas accepté la demande de maintien de jugement pour deux détenus poursuivis pour trafic de stupéfiants. Ils veulent attendre les résultats de la rencontre entre la Garde des Sceaux et leurs instances nationales à la mi-journée avant de lever éventuellement tout blocage.
Pour ne pas que les deux prévenus soient relâchés à minuit, la force publique pourrait intervenir pour permettre la tenue d’une audience. Les avocats risqueraient également d’être poursuivis pour entrave.
8h32. Blocage. Après plus d’une semaine de grève, les avocats de Mayotte inscrivent plus que jamais leur mouvement dans la tendance nationale qui est au durcissement. Ce mercredi matin, ils bloquent complètement le fonctionnement des tribunaux en empêchant tout accès aux différentes salles d’audience, aussi bien du tribunal correctionnel, du tribunal pour enfantS que du JAF, le juge aux affaires familiales.
«On a décidé de ne plus assurer aucune mission judiciaire jusqu’au 28 octobre inclus», précise le bâtonnier, Me Nadjim Ahamada. Cette date n’a pas été choisie par hasard. Le projet de loi de finances qui contient la modification du financement de l’aide juridictionnelle qu’ils contestent doit revenir devant le parlement à ces dates.
«Depuis une semaine, les tribunaux continuent de fonctionner malgré notre mouvement en prétextant une situation de ‘force majeure’. Les magistrats mettent en avant le risque de détention pour les justiciables pour qu’ils acceptent d’être jugés malgré l’absence d’avocat», relève Me Ahamada.
Une radicalisation nationale
Alors que 141 des 164 barreaux de France sont concernés par le mouvement, partout le durcissement est réel. Blocage des tribunaux mais aussi de certains axes routiers en métropole, les robes noires font entendre leur voix.
Ce durcissement intervient alors que depuis le début du mouvement, le 13 octobre dernier, les différents barreaux dont celui de Mayotte a cessé toute désignation au titre de l’aide juridictionnelle ou encore la suspension, ne prend plus part aux permanences pénales, commissions de discipline et hospitalisations d’office. Il refuse également toutes désignations d’office pouvant émaner des différentes juridictions.
«Si le Gouvernement continue à se montrer aussi autiste et refuse de prendre en considération le rejet de la profession de cette forme, une radicalisation du mouvement n’est pas à exclure», indique le barreau de Mayotte.
Cette action spectaculaire a lieu quelques heures avant un rendez-vous crucial. La Garde des Sceaux et ministre de la Justice Christiane Taubira doit recevoir une délégation du CNB, le Conseil national du barreau, à midi, heure de métropole. En fonction de l’issue des discussions, le mouvement pourrait s’interrompre ou prendre encore plus d’ampleur.
RR
Le Journal de Mayotte