Tout savoir sur les familles et les «mineurs isolés» de Mayotte

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L’institut de la statistique (INSEE) publie son étude sur les familles mahoraises, des données issues du recensement de 2012. Trois phénomènes marquants: la place des familles nombreuses, celle des familles monoparentales et la quantité d’enfants qui vivent «sans leurs parents», des mineurs isolés dont on cerne un peu mieux le profil.

Jamel Mekaoui présente l'étude de l'INSEE Mayotte sur les familles ce lundi matin
Jamel Mekkaoui présente l’étude de l’INSEE Mayotte sur les familles ce lundi matin

Les familles de Mayotte sont bien différentes de ce que l’on rencontre ailleurs en France. Notre département reste très atypique au regard de la norme métropolitaine mais aussi, dans une certaine mesure, de ce que l’on constate dans les autres DOM.

Notre département compte 43.000 familles, des ménages comprenant au moins deux personnes. Premier phénomène marquant : elles ont beaucoup d’enfants. En 2012, 51% sont des familles nombreuses, avec 3 enfants ou plus. Elles représentent 18.500 familles. En métropole, ces familles nombreuses ne représentent que 17% du total.
Celles qui comptent 4 enfants ou plus sont même plus de 11.000 soit plus de 30% du total.

Un tiers des familles sont monoparentales

Autre donnée importante, les familles monoparentales sont très nombreuses, chose que l’on ne s’attend pas forcément à trouver chez nous compte tenu de notre modèle culturel : 30% des familles avec au moins un enfant ne comptent qu’un seul adulte. C’est deux fois plus qu’en métropole. Le plus souvent, c’est la mère (89%) qui est à la tête de ce type de famille.

L'étude de l'INSEE sur les familles de Mayotte
L’étude de l’INSEE sur les familles de Mayotte

Autre particularité mahoraise, ces familles monoparentales compte beaucoup d’enfants : 24% ont 4 enfants ou plus et souvent en bas âge. La séparation de parents, à Mayotte, n’a donc pas de lien avec l’âge des enfants, contrairement à ce que l’on constate en métropole où les parents se séparent d’avantage lorsque les enfants grandissent.
La situation de ces familles est beaucoup plus précaire que les autres : 40% vivent dans des habitations en tôles. Près de la moitié d’entre elles sont des femmes de nationalité étrangère.

La précarité de ces familles se mesure aussi par un chiffre frappant : 80% des enfants qui vivent dans une famille monoparentale ont des parents sans emploi… Le chiffre monte même à 93% pour les familles monoparentales de nationalité étrangère. L’accès au marché du travail pour ces personnes est très clairement compliqué.

380 mineurs vraiment isolés

Cette étude sur les familles s’est également penchée sur ce que l’on appelle couramment les «mineurs isolés». L’INSEE parle de «mineurs vivant sans leurs parents». Là encore, les chiffres permettre de connaître une réalité méconnue. A Mayotte, en 2012, 3.900 mineurs vivent sans leurs parents mais pas forcément seuls. 67% d’entre eux (2.607 mineurs) vivent avec un autre membre de leur famille, une tante ou un oncle, une grand-mère ou un grand-père.
Ils sont 23% (913 mineurs) à vivre avec des adultes qui ne font pas partis de leur famille.

38.000 familles à Mayotte dont plus de 50% de familles nombreuses
38.000 familles à Mayotte dont plus de 50% de familles nombreuses

Les mineurs réellement isolés, qui vivent sans personnes majeures, seuls ou entre eux, sont au nombre de 380. «C’est le cœur du sujet, ce sont vraiment les mineurs en déshérence», précise Jamel Mekkaoui, le responsable de l’INSEE à Mayotte. Ils se partagent quasiment pour moitié entre deux catégories d’âge : les 10-16 ans et les 16-18 ans.

L’INSEE relève qu’un quart de ces mineurs isolés en âge d’être scolarisés ne sont pas inscrits dans un établissement scolaire.

Le débat sur la crédibilité

Au final, les autorités disposent désormais de chiffres pour mettre en place des politiques publiques. Des familles nombreuses aux enfants qui vivent sans adultes, ces chiffres vont désormais faire référence pour les années à venir.

Jamel Mekaoui réaffirme la crédibilité des chiffres de l'INSEE
Jamel Mekkaoui réaffirme la crédibilité des chiffres de l’INSEE

Jamel Mekkaoui a profité de cette conférence de presse pour réaffirmer la crédibilité du recensement de 2012, alors qu’il est très contesté.
Pour lui, ces données s’inscrivent dans la continuité de tous les recensements effectués à Mayotte depuis 1956 et «évoquer une population de 300.000 habitants reviendrait à constater un bond invraisemblable» du nombre d’habitants.

Réexpliquant les méthodes de recensement du bâti avant celui des habitants, il a également repris les données parfois évoquées de la consommation de riz. A 84kg/habitants chaque année, l’INSEE affirme que ces chiffres confortent leurs données. Pour l’institution, il n’y a pas de doute à avoir : nous étions bien 212.000 habitants en 2012.

La prochaine grande étude sur la population de Mayotte, intitulée «Migration, famille et vieillissement», sera connue début 2017.
RR
Le journal de Mayotte

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