L’association qui gère le golf de Combani et la municipalité recevaient du beau monde cet après-midi : le préfet et les directeurs de la DJSCS (jeunesse, sport et cohésion sociale), DEAL (aménagement, environnement), le SGAR (affaires régionales), la SIM, le CDTM… étaient venus parler de l’avenir du site. Les projets sont encore à construire.
«Il y a encore une alchimie à trouver». Voici comment le préfet a conclu plus d’une heure et demi d’échanges avec les nouveaux président et secrétaire de l’association du Golf des Ylangs à Combani. La présentation de Laurent Mercy et Jean-Elie Decambron était vivement attendue. Un an auparavant, Seymour Morsy s’était déjà rendu à Combani. Le projet lui tient à cœur. Il sent qu’ici Mayotte a une carte à jouer pour le développement touristique. Ce vendredi, il venait donc prendre des nouvelles d’un projet qu’il espérait «économiquement et écologiquement cohérent». Mais la présentation du jour ne l’a pas convaincu.
Le golf a été créé en 1998 sur une ancienne plantation d’ylangs-ylangs, un terrain qui appartient à la SIM. L’association qui le gère vient d’ailleurs de régulariser la location avec un nouveau bail de 5 ans. Il s’agit d’un 9 trous (un Par 66) qui s’étend sur 8 hectares. La structure emploie 7 salariés et vient d’achever un chantier d’insertion pour l’entretien du parc, une expérience qui pourrait être renouvelée.
La question est donc de savoir de quelle façon faire évoluer le lieu. Car si le site est de toute beauté, de nombreux éléments ne cadrent pas avec la volonté affichée de vendre le parcours comme un atout touristique. Par exemple, une partie du clubhouse est abrité dans des containers, et les «greens» ne sont pas en herbe mais en terre. «Ils ne sont pas au niveau de ce que l’on peut attendre avec des contraintes pour jouer», reconnaît Laurent Mercy.
Un projet trop flou
L’idée était donc de proposer une évolution en 3 temps. Tout d’abord, faire une «mise au norme sportive du parcours». L’association a obtenu une subvention de 140.000 euros du département pour les mettre en herbe. L’installation est peu onéreuse, mais ensuite, de l’irrigation à l’utilisation de produits phytosanitaires en passant par la tonte, l’entretien coûte assez cher. Conséquence, le golf a changé de projet en souhaitant l’installation de greens synthétiques, «économiques, garantis, écologiques, durables et performants». Il manque encore 160.000 euros pour boucler le nouveau financement.
La deuxième étape consisterait à rénover le clubhouse pour faire monter l’endroit en gamme mais aussi pour clôturer le terrain. L’idée serait de proposer des activités de restauration et de séminaires. L’association avance le chiffre de 300.000 euros mais pas de plans d’architectes ou de financement.
Enfin, la dernière phase viserait à créer un parcours de niveau international, ce qui signifie qu’il faut l’étendre pour atteindre les 18 trous. L’idée émise serait de faire migrer le golf vers la retenue collinaire voisine pour gagner de l’espace et donc quitter la zone actuelle et ses ylangs… Mais les abords de la retenue sont riches en espèces endémiques et la commune de Tsingoni a déjà d’autres projets de mise en valeur.
Des échéances et de l’ambition
Au final, le préfet Morsy n’a pas caché son scepticisme et a, très diplomatiquement, appelé les porteurs de projets à préciser leurs objectifs. «Soit on améliore le 9 trous et on reste sur la structure actuelle avec 100 adhérents. Soit on améliore le 9 trous avec un projet d’hôtel 3 étoiles et c’est un peu mieux. Soit on développe un parcours de 18 trous et on envisage un hôtel 4 étoiles et le développement d’activités et de visites pour avoir la capacité de garder les personnes sur place 3, 4 ou 5 jours», a fait valoir le préfet qui attend maintenant une nouvelle copie, avec des échéances et de l’ambition.
Il faudra donc d’autres visites préfectorales pour savoir ce que pourrait devenir ce lieu. Ca tombe bien : le préfet aurait semble-t-il besoin de se (re)mettre à la pratique du golf. Il a profité de la réunion pour taper quelques balles… Il en a tout de même perdu 2 sur les 5 qu’il a lancées.
RR
Le Journal de Mayotte