Mayotte est depuis vendredi en situation de « vigilance fortes pluies ». Après la mort de deux personnes par la foudre lors de la dernière alerte, en début de mois, le principe de précaution a-t-il été renforcé ?
« Ce n’est pas un phénomène rare, mais il est, par endroits, très intense ». Hervé Gasc, responsable Météo France à Mayotte explique que l’épisode pluvieux subi par l’île ces derniers jours est dû à une zone dépressionnaire encastrée sur les îles des Comores. Cette manifestation humide s’approche de la dépression tropicale avec des vents qui pourront atteindre les 50 à 60 km/h dans la nuit de lundi à mardi, selon Météo France. Aucune amélioration n’est à prévoir avant mercredi, même si le soleil peut pointer ses rayons sur le lagon par intermittence.
Les grains n’ont provoqué aucun dégât d’importance, ni de blessures. Les jours de pluie se suivent mais ne sont pas complètement inhabituels. Un même épisode pluvieux a été enregistré en 2012.
La mort de deux personnes le 4 décembre dernier, foudroyées alors qu’elles s’étaient réfugiées sous un arbre, aurait-elle renforcé la préfecture dans le principe de précaution ? A priori non, puisque les critères restent les mêmes. Météo France donne un avis, en fonction de ses prévisions, que la préfecture, par le biais du Service interministériel de défense et de protection civile (SIDPC), répercute automatiquement. « Nous collons aux données fournies, parfois on peut même être surpris en ne voyant pas de pluie arriver. Cela reste des prévisions », note Jean-Pierre Frédéric, le directeur de cabinet de la préfecture.
154,4 mm à Vahibé
Ces derniers jours, les données relevées sont largement au dessus des seuils d’alerte à certains endroits. Il est, par exemple, tombé plus de 70 mm d’eau en une heure à Mamoudzou vendredi dernier alors que le seuil d’alerte, synonyme de déclenchement de la vigilance « fortes pluies », est fixé à 40 mm en trois heures. C’est Vahibé qui détient le record de ces trois derniers jours avec 154,4 mm d’eau tombés de vendredi à 6h à ce lundi à la même heure. « On a eu de très fortes averses, c’est pour cette raison que l’on obtient des cumuls importants à certains endroits, mais elles restent discontinues », observe Hervé Gasc. Et les averses peuvent être très localisées sur l’île. Alors qu’il est tombé 73,6 mm de pluie à Dembéni en trois jours, Bandrélé n’a enregistré que 26 mm de cumul depuis vendredi.
« Ce phénomène génère un temps perturbé avec une grosse concentration de nuages », indique le météorologue. Mais Mayotte a de la chance, cette épisode pluvieux l’a relativement épargnée par rapport à ses voisines comoriennes. Anjouan concentre les plus gros « paquets convectifs », c’est-à-dire cette accumulation de nuages qui finit par s’abattre sur terre, déversant tout son chargement d’eau.
S’il n’y a pas de gros dégâts structurels, les chaussées mal entretenues pâtissent le plus de cette pluie abondante. Par endroits, notamment sur les portions de route communale de Mamoudzou, de véritables cratères se sont formés. Les cratères des retenues collinaires, eux, bénéficient de cette saison des pluies anticipée, qui se remplissent à vitesse grand V, donnant une option favorable à l’approvisionnement en eau de l’île pour la prochaine saison sèche.
Axel Lebruman