«Notre République n’est pas à la portée de méprisables tueurs»: le point sur la situation ce mardi matin après les attentats de Paris

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Le président François Hollande s’est exprimé devant le Parlement réuni en Congrès à Versailles, hier mardi, pour annoncer un certain nombre de mesures et réaffirmer les valeurs et l’unité de la nation : «Notre démocratie a triomphé d’adversaires bien plus redoutables, en vérité, que ces lâches assassins. Notre République n’est pas à la portée de ces méprisables tueurs».

François Hollande devant le congrés à Versailles (Capture d'écran: BFMTV)
François Hollande devant le congrés à Versailles (Capture d’écran: BFMTV)

Le président veut faire évoluer la Constitution pour «permettre aux pouvoirs publics d’agir conformément à l’Etat de droit contre le terrorisme de guerre». Il veut notamment s’inspirer du comité Balladur de 2007, qui proposait d’y inscrire l’état d’urgence. Il veut également remettre à plat les article 16 (sur les pleins pouvoirs donnés au président) et l’article 36 (sur l’état de siège) pour «pouvoir disposer d’un outil approprié pour fonder la prise de mesures exceptionnelles, pour une certaine durée, sans passer par l’état de siège, ni renier les libertés publiques ». En clair, il s’agirait de la création d’une «état de crise», une sorte d’état d’urgence un peu « allégé » sur le plan des pouvoirs octroyés à l’Etat, mais qui pourrait durer plus longtemps.

Une autre réforme de la constitution porterait sur la création d’un «visa de retour» et une «assignation à résidence» pour les Français ou résidents en France qui seraient «impliqués dans des activités terroristes à l’étranger» et donc ceux qui rentreraient de Syrie ou d’Irak.
Près de 1.000 Français ou résidents en France seraient «connus pour être allés en Syrie ou en Irak». «Si 142 d’entre eux y sont morts, 588 d’entre eux y sont toujours et 247 ont quitté la Syrie et l’Irak», précise le gouvernement.

François Hollande devant le congrés à Versailles TLe président va demander la prolongation de l’état d’urgence pour trois mois en «adaptant son contenu à l’évolution des technologies et des menaces». Le parlement devrait voter le texte d’ici à la fin de la semaine.

Il a aussi proposé la déchéance de nationalité des binationaux en cas de terrorisme.
Enfin, il annonce la création de 5.000 postes de gendarmes et policiers, 1.000 postes de douaniers et 2.500 postes au ministère de la justice… une façon de souligner que les effectifs de sécurité reviendront à ce qu’ils étaient avant 2007 et l’arrivée de Nicolas Sarkozy à l’Elysée. Par ailleurs, les 15.000 suppressions de postes prévues da la loi de programmation militaire sont annulées. Ces postes seront redéployés sur des missions opérationnelles.

A l’étranger.
François Hollande annonce qu’il rencontrera dans les prochains jours les présidents américain et russe, Barack Obama et Vladimir Poutine, pour parvenir à «une grande et unique coalition» contre l’État islamique en Syrie. Au niveau européen, il a à nouveau plaidé pour l’instauration d’un fichier européen des voyageurs aériens.

D’ici une réunion prochaine du Conseil de sécurité sur le terrorisme demandée par la France, notre pays «intensifiera ses opérations en Syrie», a déclaré François Hollande. Le président a par ailleurs expliqué avoir demandé au Conseil de sécurité de se réunir dans les plus brefs délais pour adopter une résolution pour détruire Daech.

François Hollande devant le congrés à Versailles T ANL’enquête.
Pour le président Hollande, «les actes de guerre de vendredi ont été décidés et planifiés en Syrie, préparés et organisés en Belgique». La traque du suspect-clé Salah Abdeslam se poursuit, à Strasbourg, une vaste opération a été menée qui n’a pas permis de le localiser. A Bruxelles, des policiers ont fait irruption dans le quartier de Molenbeek, réputé pour abriter un foyer de radicalisation religieuse particulier. Ils cherchaient là aussi le fameux Salah. Alors qu’un de ses frères est l’un des kamikazes identifiés, un troisième membre de la fratrie a été relâché lundi après avoir été interpellé pendant le week-end. Il affirme ne rien savoir des agissements de ses frères.

Deux hommes, le propriétaire et le convoyeur d’une voiture contrôlée samedi à Cambrai dans laquelle Salah Abdeslam a pu se trouver, ont pour leur part été inculpés, notamment pour «attentat terroriste».

Côté français, deux assaillants supplémentaires ont été identifiés ce qui porte à 5 sur 7 les identités connues des terroristes. La police n’exclut pas la présence d’autres assaillants, notamment dans la voiture qui a tiré sur les terrasses de café. Ces personnes seraient donc en fuite.

Dans la nuit de dimanche à lundi, 168 perquisitions ont eu lieu en France, notamment à Bobigny (Seine-Saint-Denis) où le commando aurait transité. Treize perquisitions ont été menées dans la banlieue de Lyon et d’autres dans 19 départements, notamment à Toulouse, Lille, Grenoble ou Marseille. Vingt-trois personnes ont été interpellées et 31 armes ont été saisies, selon le ministre de l’Intérieur.
Un éventuel complice a également été arrêté en Allemagne.
Plusieurs proches des kamikazes sont actuellement interrogés en garde à vue. Enfin, les enquêteurs s’intéressent de près à Abdelhamid Abaaoud, un Belge de 28 ans, qui serait le commanditaire des attentats.

Pour finir, sachez que le dispositif «plan blanc» a été levé dans les hôpitaux parisiens, que John Kerry, le secrétaire d’État américain, est arrivé à Paris et que, si Strasbourg s’interroge sur le maintien de son marché de Noël, l’UEFA a réaffirmé sa confiance dans l’organisation de l’Euro 2016 qui doit se tenir en France du 10 juin au 10 juillet 2016.

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