Au-delà des parcours, des origines et des influences musicales, 16 artistes mahorais se retrouvent avec chacun un titre inédit sur un même album. L’association Djerebou Records porte le projet avec la volonté de relancer une scène musicale mahoraise très éclatée.
Un album pour permettre aux artistes mahorais de se retrouver. «Tifaki Music» porte bien son nom. En Mahorais, «tifaki» signifie accord, unité. Et de fait, les 16 artistes de Mayotte présent sur cette compilation apporte chacun ce qu’ils sont dans une belle diversité musicale et linguistique. «C’est un projet de mise en commun, de brassage culturel… Cet album prouve toute la valeur du partage», souligne Antoine Houchot, le président de l’association Djerebou Records.
L’association a été fondée en début d’année pour participer au «développement et à la diffusion de la musique actuelle de Mayotte». Et neuf mois après, le premier bébé est bien né. «Les artistes ont enregistré chacun un titre inédit qui est destiné en exclusivité à cet album commun. Saandati par exemple a travaillé avec des musiciens de Zanzibar et a enregistré un titre avec eux pour la 1ère fois pour cet album», se réjouit Ankidine Bacari «Killa Songz», directeur artistique de djerebou Records.
«L’idée est de permettre au public qui suit des artistes de découvrir le travail des autres», ajoute-t-il. Mahorais, Français, Kibushi, créole surinamais avec Daddy Happy originaire de ce pays voisin de la Guyane, les couleurs sonores sont multiples. Et si les différents artistes ont travaillé chacun de leur côté, cet album a aussi permis à des musiciens de se retrouver pour une collaboration inédite. «Omar a enregistré un titre de reggae et il avait besoin de cuivres. Il a fait intervenir les musiciens des Empaffés». Certains de ces artistes ont également choisi, comme Zaïnouni, de reprendre ce titre sur un album personnel prévu pour les mois qui viennent.
Rassembler un peu de la scène musicale de Mayotte
«Pour Djerebou Records, c’est un test», reconnait Antoine Houchot. «La légitimité, ça s’acquiert, ça ne vient pas du jour au lendemain. Mais on a envie de prouver notre bonne volonté qui n’est ni de la naïveté ni de l’insouciance». L’association fait face à un univers musical très éclaté à Mayotte et tenter de recréer un élan pour susciter la création et les échanges est donc un vrai défi à relever.
«Moi qui fait de la musique depuis l’âge de 9 ans, je peux vous dire que la musique est encore vue comme un amusement à Mayotte, pas comme un travail où un moment de création. Et à force de tout prendre à la légère, tout s’est un peu éparpillé. Avec Djerebou, je sens que les choses peuvent reprendre», confie Coudje N’Co.
Des concerts en préparation
Pour cet album, Djerebou a choisi l’indépendance en ne sollicitant aucune subvention. Seul un financement participatif a été initié pour tenter de créer un élan autour du projet. Après la sortie de l’album, le temps des concerts est annoncé. Il ne s’agira pas d’une énorme date unique rassemblant tous les contributeurs mais des nombreuses petites scènes avec deux ou trois de ces artistes. Les démarches ont été initiées pour lancer cette tournée en janvier.
En attendant, l’album sera disponible dans une douzaine de points de vente de la Sodifram, à la maison des livres ou encore à l’aéroport. Le CD sera également proposé au marché de Noël de Mtsangabeach et au marché de Coconi.
RR
Le Journal de Mayotte