Etat d’urgence: beaucoup reste à faire pour responsabiliser les maires

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Etat d’urgence, sécurité et radicalisation religieuse: Le préfet et le procureur de la République mobilisaient les élus municipaux autour de ces questions ce jeudi après-midi. Selon les informations du JDM, les prêches d’une trentaine de mosquées de Mayotte pourraient parfois être particulièrement rigoristes et de nature à inquiéter.

Les maires, les services de l'Etat, les forces de sécurité et de défense ce jeudi en Petite Terre autour de l'équipe préfectorale et du procureur de la République
Les maires, les services de l’Etat, les forces de sécurité et de défense ce jeudi en Petite Terre autour de l’équipe préfectorale et du procureur de la République

Alors que l’assemblée nationale a voté la prolongation de l’état d’urgence pour 3 mois et son extension à l’Outre-mer, le préfet et le procureur de la République réunissaient les forces de sécurité et de défense (police, gendarmerie, FAZSOI) et les les représentants des 17 communes. Douze maires étant partis à Paris, seuls ceux de Pamandzi et Tsingoni étaient présents, les autres communes ayant délégués des adjoints.

Après deux réunions d’état-major de sécurité, il s’agissait de mobiliser les communes. «Les maires se sentent responsables et les questions ont été concrètes», ont fait valoir en cœur préfet et procureur. Ce n’est pas tout à fait l’avis du sénateur Thani. En effet, si les interrogations ont porté de façon très pratique sur l’organisation de la sécurité, elles semblent un peu éloignées des enjeux réels de notre quotidien.

Ainsi, certains maires ont demandé des couvre-feux. Réponse en substance du procureur Joël Garrigue: s’occuper de ses enfants, ce n’est pas attendre de la loi qu’elle les empêche de sortir. «On a tenté une expérience sur Petite Terre où la gendarmerie ramenait les gamins qui trainaient dehors très tard chez eux. Ce ne sont pas les enfants qui se faisaient littéralement engueuler par les familles mais les gendarmes!» Moralité, avant d’attendre des décisions de sécurité publique, chacun doit jouer son rôle dans la société.

De la cohésion sociale plutôt que des armes

D’autres mairies ont demandé à pouvoir armer leur police municipale. Là encore, le préfet a recadré les choses: «Je ne veux pas voir d’armes en circulation dans notre département.» Et le procureur d’ajouter : «Il y a des départements dans lesquels des armes circulent et où les forces de sécurité doivent pouvoir répondre à cette situation. A Mayotte, nous ne sommes pas concernés. En 2 ans, la police a utilisé 3 fois ses armes à feu. Ce qui est plus adapté pour les polices municipales, ce sont des matraques pour répondre aux armes blanches et aux situations de violence ou des gilets pare-balles pour limiter les effets des coups de chombos».

Pour le préfet Seymour Morsy, le procureur de la République Joël Garrigue et la directrice de cabinet Florence Ghilbert Bezard, privilégier la cohésion sociale à l'armement des polices municipales
Pour le préfet Seymour Morsy, le procureur de la République Joël Garrigue et la directrice de cabinet Florence Ghilbert Bezard, privilégier la cohésion sociale à l’armement des polices municipales

Les municipalités doivent chacune réunir la semaine prochaine leur CLSPD (Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance) pour réfléchir avec la police ou la gendarmerie à l’organisation des forces de sécurité de jour… mais aussi peut-être enfin la nuit.

Le préfet a également invité les communes à travailler sur la cohésion sociale et le développement économique qui sont évidemment la clé d’une société qui fonctionne bien… même si les projets et les actions à mettre en œuvre sont plus lourds et les résultats moins immédiatement palpables.

Prévenir la radicalisation

Concernant la radicalisation religieuse, il a été rappelé aux maires leur importance dans la détection des changements de comportements des personnes susceptibles de se radicaliser: modification de la tenue vestimentaire, coupure avec la famille, avec les amis, avec les habitudes comme le fait de ne plus aller au sport ou ne plus regarder la télévision… autant de comportements qui ne relèveraient pas de la crise d’adolescence mais peut-être d’une radicalisation et dont il faut absolument faire un signalement, peut-être simplement pour lever un doute.

«Au-delà de la quinzaine de personnes suivies (à Mayotte), ce qui nous intéresse aujourd’hui c’est le 16e, le 17e, le 18e… C’est sur ceux-là qu’il faut qu’on agisse pour éviter qu’ils soient retournés et radicalisés», explique le procureur.

Finalement, le seul lien que ces personnes radicalisées ne coupent pas, c’est celui d’internet par où leur arrivent de nombreux messages qui peuvent les conforter dans une dérive. Mais ce peut être aussi certains prêchent. Selon les informations du Journal de Mayotte, dans une trentaine de mosquées de notre département, les prêches seraient parfois de nature à poser problème par leur rigorisme et seraient bien éloignés des discours de concorde républicaine couramment véhiculés par les dignitaires religieux. De ce côté-là aussi, les autorités pourraient espérer que des signalements soient faits. Le préfet indiquait hier mercredi que Mayotte compte environ 300 mosquées.
RR
Le Journal de Mayotte

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