Mayotte a besoin d’un projet économique porté par l’ensemble de ses acteurs : le département, l’Etat, les Chambres consulaires, les syndicats, les patronats, pour un partenariat local fort autour de la création et l’accompagnement d’entreprises. C’est donc une kyrielle de signatures qui donnait naissance à l’Agence de Développement et d’Innovation.
Le contexte économique du département est plus que morose comme le montre la dernière note conjoncturelle de l’IEDOM : un fort taux de chômage, officiel de 24%, mais en réalité prés de la moitié de la population en âge de travailler, et une commande publique en berne, liée aux difficultés des collectivités territoriales, comme le soulignait le président Ramadani, « en raison de la montée en charge de leurs compétences », pas totalement compensées.
Mais aussi, en raison d’un faible tissu économique, constitué essentiellement de très petites entreprises. Un état des lieux qui doit inciter à réduire la dépendance aux transferts publics en mobiliser autour de projets économiques.
« L’emploi doit être la mère des batailles », déclarait Soibahadine Ramadani avant de cosigner la convention de création du Groupement d’Intérêt Public portant l’Agence de développement et de l’Innovation à Mayotte (ADIM). Elle devra suivre deux axes, la promotion de l’attractivité du territoire et l’accompagnement des entreprises, petites, moyennes ou grandes.
Les acteurs économiques autour d’une même vision
Une initiative du département qui appelle une mise en garde du président : « L’ADIM deviendra ce que ses représentants en feront, et dépendra de la mobilisation de ses financeurs. »
Ils sont 10 partenaires à avoir acté cette création ce mardi matin : le Conseil Départemental de Mayotte, le Centre Universitaire de Formation et de Recherche de Mayotte, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Mayotte « CCIM », la Chambre d’Agriculture de Pêche et d’Aquaculture de Mayotte, le MEDEF Mayotte, la CGPME Mayotte, la CGTMA, l’UI CFDT Mayotte, l’UD FO 976 et l’UD CFE CGC 976. Seul manquait le directeur du Centre Universitaire dans l’hémicycle Younoussa Bamana.
Il s’agit donc notamment de rassembler tous les acteurs économiques et institutionnels, dont les syndicats et les organisations patronales, autour d’une même vision, et de proposer une agence adaptée aux spécificités de l’économie mahoraise.
Validation par la préfecture
Elle sera structurée en quatre pôles : « Entreprises » pour dynamiser le tissu économique endogène, « Innovation » pour notamment « promouvoir le développement numérique des entreprises », comme le défendait Thierry Galarme, président du Medef Mayotte, le pôle « Attractivité et compétitivité des territoires » en proposant « une offre foncière et immobilière adaptée », et enfin, le pôle « Observation durable du territoire », orienté vers les études et statistiques indispensables à la compréhension du tissu économique.
La représentante de la préfecture soulignait la difficulté pour les entreprises mahoraises de se structurer et à monter en compétence. C’est d’ailleurs la préfecture qui devra valider la création de l’ADIM, « nous le saurons d’ici deux mois », déclarait Enfanne Haffidou, le DGA Finances du conseil départemental. Ensuite, un directeur sera désigné.
« Pas de concurrence avec l’existant »
Cette nouvelle structure ne concurrencera pas l’existant, et « le conseil départemental continuera à jouer son rôle d’accompagnateur des établissements en place », certifie toujours le DGA. Rappelons le conseil départemental assure la compétence régionale sur l’économie au titre de son statut d’assemblée unique.
Un lancement qui ne pouvait que réjouir Mohamed Ali Hamid le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Mayotte, fraîchement remise à niveau, qui lâchait un « Enfin ! », pour marquer cet « acte décisif pour le développement économique du territoire. » Il soulignait la volonté de la nouvelle équipe de l’exécutif « de faire moins de politique et plus d’économie. » Une nouvelle qui « doit ramener l’espoir », mais sur un territoire qui entend trop souvent parler de « Plans » et de « Séminaires », elle doit surtout se concrétiser dans les faits. Le choix du directeur sera donc déterminant. Elle s’installera dans les anciens locaux de la SIM Place Mariage.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte