CARNET DE JUSTICE DU JDM. Voici l’histoire d’un homme condamné mercredi dernier et de retour à la barre du tribunal ce lundi après-midi pour des faits commis… samedi, 3 jours après son passage au tribunal. Autant dire que le premier jugement ne lui a pas vraiment servi de leçon.
La semaine dernière, il devait répondre d’une affaire de violence conjugale. La scène qu’on lui reprochait s’est déroulée rue du commerce à Mamoudzou. Il est tard dans la nuit du 4 août lorsqu’on un homme appelle la police. Il vient de voir un individu frapper une femme. Elle est tombée au sol après avoir reçu une gifle mais l’homme violent ne s’est pas arrêté pour autant. Quelques coups de pieds supplémentaires étaient sûrement nécessaires pour qu’il termine de se défouler.
Lorsque les forces de l’ordre arrivent, l’homme aide la femme à se relever et s’énerve de la présence des policiers. «C’est une histoire normale, une histoire de couple, ça ne vous regarde pas», hurle-t-il aux policiers qui comprennent alors les relations entre les deux protagonistes de la scène. La femme se tient le ventre et s’écroule à nouveau. Elle sera évacuée vers le CHM où elle bénéficiera d’une ITT de 3 jours.
Six mois ferme
L’interpellation de l’individu sera musclée. Et finalement, à la surprise des policiers, la femme ne portera pas plainte. Elle est enceinte de son compagnon. A 5 mois de grossesse et malgré les violences, elle veut encore lui donner une chance.
«On s’interroge sur sa capacité à vivre en société et à ne pas commettre à nouveau des faits. Quand il n’est pas content, sa manière de s’exprimer, c’est la violence», affirmait la procureure Prampart.
Le tribunal suivra ses réquisitions et condamne l’homme à 18 mois de prison dont 6 mois ferme et une mise à l’épreuve de 2 ans. Et malheureusement, la suite de l’histoire donne raison à la procureure.
Il gaze sa victime
Ce mercredi, l’homme était arrivé au tribunal emmené par les policiers car un mandat d’amener avait été décerné pour s’assurer de sa présence à l’audience. Ce lundi, il est arrivé pour une audience en comparution immédiate entouré de gendarmes car hier, il a été placé en détention provisoire à Majicavo. Dans la nuit de vendredi à samedi, de nouveau, il était impliqué dans une scène de violence.
Peu après minuit, il emprunte son téléphone à un homme qui attend la barge. Mais il ne lui rend pas et le passe à son complice. Sa victime proteste. Il sort alors une bombe lacrymogène et gaze le malheureux avant de prendre la fuite. Les policiers de la BAC prennent la victime en charge et commencent une longue tournée dans les rues de Mamoudzou. Trois heures plus tard, à proximité du Barfly, la victime reconnaît son agresseur… Il a encore le téléphone dans sa poche. «On voulait le revendre pour 150 euros», reconnaît le prévenu qui comptait partager la somme avec son complice.
Quant à la bombe lacrymogène, il se l’était procurée car… il s’était fait agresser ! Un comble.
«Tant qu’il n’aura pas compris, il reste un danger pour la société», dénonce la procureure Boulet qui requiert un an de prison et cette fois-ci, le mandat de dépôt.
Sept mois ferme
Me Yanis Souhaïli, son avocat, va tenter de trouver la parade en proposant une peine de semi-liberté qui permettrait à son client de continuer à travailler tout en purgeant sa peine la nuit et le week-end à Majicavo. Car depuis, sa femme lui a pardonné les violences du mois d’août et a accouché d’un beau bébé il n’y a que 2 semaines. Cette option permettrait à la famille de continuer de bénéficier des revenus de l’homme. Problème : il travaille de nuit à des horaires qui ne sont pas fixes. L’option est finalement écartée par le tribunal qui le renvoie à Majicavo.
L’homme est condamné à 7 mois de prison ferme avec maintien en détention. «Il est sûr que l’utilisation d’une bombe lacrymogène ajoutée à votre passage 3 jours plus tôt devant cette juridiction motive la décision», explique le juge Ballu. Cette fois-ci, l’homme aura probablement enfin l’occasion de traiter ses problèmes d’alcool.
RR
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