L’État malgache veut récupérer les anciens domaines coloniaux

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On estime leur surface à près de deux millions d’hectares. D’immenses parcelles de terre seraient sans propriétaires à Madagascar depuis plus de 50 ans, abandonnés au moment de l’indépendance. Elles pourraient être récupérées par l’État malgache puis rétrocédés aux paysans.

Les petits agriculteurs qui exploitent ces terres parfois depuis des décennies pourraient en devenir les propriétaires
Les petits agriculteurs qui exploitent ces terres parfois depuis des décennies pourraient en devenir les propriétaires

Madagascar s’achemine vers le règlement d’une question particulièrement épineuse depuis 56 ans: le sort des «terrains coloniaux». Depuis l’accession de la Grande Île à l’indépendance le 26 juin 1960, d’immenses surfaces foncières sont en souffrance. On parle d’1,5 millions d’hectares et même peut-être 2 millions.

«De grandes superficies ont été délimitées dans les régions privilégiées par l’administration coloniale pour leur grand potentiel agricole: Itasy, Ambatondrazaka, la côte Nord-Ouest (Nosy Be, Ambilobe, Ambanja, Analalava), Sainte-Marie, le long de la côte Est entre Toamasina et Manakara, l’Ouest (Betsiboka, Miandrivazo), le Sud (Mandrare)», indique le journal «La Tribune de Madagascar».

Les exploitations étaient essentiellement dédiées aux cultures de du café, du cacao, du girofle, de la vanille, du poivre et d’ l’ylang-ylang mais aussi à la production de céréales (riz et maïs). On trouvait également quelques cultures industrielles comme le sisal, le tabac, le coton, la canne à sucre…

Des colons de métropoles et de La Réunion

Ces immenses exploitations appartenaient aux colons venus de France métropolitaine mais également de La Réunion. Et au moment de l’indépendance, vu leur statut juridique n’a pas été tranché. «Il y a les parcelles abandonnées par leurs propriétaires, qui demeurent toutefois immatriculées sous leurs noms.

Peut-être 2 millions d'hectares dont le sort n'est toujours pas réglé depuis l'indépendance Ici au sud d'Antsirabe
Peut-être 2 millions d’hectares dont le sort n’est toujours pas réglé depuis l’indépendance. Ici, au sud d’Antsirabe

Il y a les concessions transférées à l’État malgache. Enfin, il y a les exploitations reprises par des héritiers ou rachetées par des sociétés agricoles. Actuellement, la plupart de ces concessions sont occupées par des paysans autochtones, des migrants, ou des descendants d’ouvriers agricoles. Ils sont assimilés à des ‘squatters’ et leur sécurité foncière reste précaire, parfois depuis des décennies», indique La Tribune.

Le président se saisit de la question

La question n’a jamais été réglée mais cette fois-ci, les institutions malgaches semblent bien décidées à en finir avec ce serpent de mer en attaquant la question de front. L’Assemblée Nationale de la Grande Île a proposé un premier texte de loi qui a été rejeté par la Haute Cour Constitutionnelle. Mais le président malgache, Hery Rajaonarimampianina, s’étant personnellement saisi de la question, un nouveau projet de loi pourrait être examiné dans les mois qui viennent. «Les terrains de grandes surfaces titrés mais abandonnés par leurs propriétaires depuis de nombreuses années, seront transférés à l’État qui, ensuite, les cédera aux occupants qui les avaient mis en valeur.»

Le chef de l’État malgache s’est bien gardé de parler directement des terrains des anciens colons mais le sujet est parfaitement compris de tous et son règlement est très attendu car le flou a parfois engendré des drames et des conflits fonciers meurtriers dont la Grande Île se passerait bien pour envisager un développement économique attendu par toute la région.

Le JDM.

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