Observatoire de l’immigration: un outil pour connaître la réalité et peut-être changer les politiques

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Le préfet Seymour Morsy a procédé ce lundi matin à l’installation de cette nouvelle institution, avec des élus, les responsables des services de l’état, de sécurité et de justice et les personnalités qualifiées*. Face aux tensions nombreuses dans la société mahoraise, le travail de l’observatoire est très attendu.

Elus, services de l'Etat et personnalités qualifiées se sont retrouvés pour installer ce nouvel outil
Elus, services de l’Etat et personnalités qualifiées se sont retrouvés pour installer ce nouvel outil

La mission de ce nouvel observatoire de l’immigration à Mayotte paraît immense : «évaluer l’application de la politique publique de régulation des flux migratoires et les conditions de l’immigration» dans notre département, avec la possibilité de demander des évolutions légales ou réglementaires. Pourtant, à l’issue de sa première réunion, ses différents membres ont tenu à rendre très concret ce nouvel outil pour qu’il ne soit pas une nouvelle machine à pondre des rapports sans lendemain.

«On vient chercher la réalité des faits et des chiffres», a posé d’emblée le député Ibrahim Aboubacar. «Ces derniers mois, le phénomène migratoire tend à prendre de l’ampleur sur ce territoire et il est plus qu’urgent que nous puissions ajuster nos politiques publiques et que ces politiques ne prennent pas l’eau face au nombre». Le député cite l’exemple du service public de l’éducation: «Qui sait dans quelles conditions on les accueille dans le système scolaire? Je ne demande pas de statistiques ethniques mais qu’on est les éléments pour améliorer l’efficacité des politiques publiques».

20.000 titres de séjours en 2015

Le préfet de Mayotte, le député Aboubacar, le responsable de l'office français de l'immigration et le directeur du servcie des étrangers de la préfecture, ce lundi matin
Le préfet de Mayotte, le député Aboubacar, le responsable de l’office français de l’immigration et le directeur du servcie des étrangers de la préfecture, ce lundi matin

Jamel Mekkaoui de l’INSEE a redonné les statistiques connues. La population de Mayotte compte 40% d’étrangers (légaux et clandestins), ce qui fait de notre département un cas à part à l’échelle nationale. La Guyane est loin d’atteindre ce taux, de même que la Seine-Saint-Denis, en région parisienne, le département de métropole qui compte le plus d’étrangers (21%). Chez nous, 95% des étrangers sont d’origine comorienne mais il faut aussi tenir compte d’une autre particularité. On compte 30.000 mineurs de nationalité étrangère mais «si le droit s’applique, ils ont vocation à devenir français».

Du côté de la préfecture, Michael Mathaux, le directeur du service de l’immigration, de l’intégration et de la citoyenneté, indique que 85.000 personnes ont été reçues au guichet du service en 2015, toutes situations et demandes confondues, avec +38% de demandes de séjour par rapport à 2014, +64% de premières demandes de titres et au final 20.000 titres de séjour (+25%) accordés l’an dernier.

Les sujets abordés sons détour pour cette 1ère réunion de l'observatoire de l'immigration
Les sujets abordés sons détour pour cette 1ère réunion de l’observatoire de l’immigration à Mayotte

«On applique le droit, rien que le droit», tranche le préfet Seymour Morsy, rappelant les efforts pour fluidifier les accueils et les traitements de dossiers, d’ailleurs salués par la Cour des comptes.

Radicalisation de l’opinion

L’observatoire se met en place alors que les situations de tensions sont de plus en plus nombreuses face à une population mahoraise toujours plus ouvertement hostile aux étrangers. Le député Aboubacar liste les sujets qui peuvent radicaliser l’opinion mahoraise : tensions dans les services publics, le lien rapide fait par la population entre montée de l’insécurité et l’immigration, ou encore les questions autour des problématiques foncières. «Sur tous ces sujets, nous devons y voir clair», demande le député.

Le responsable de l'INSEE Mayotte Jamel Mekkaoui, le bâtonnier Nadjim Ahamada et Issa Abdou, le 4e vice-président du département
Le responsable de l’INSEE Mayotte Jamel Mekkaoui, le bâtonnier Nadjim Ahamada et Issa Abdou, le 4e vice-président du département

«Il ne faut pas faire de raccourcis dangereux. Nous ne sommes pas là pour défendre les étrangers ou les clandestins», insiste Issa Abdou, le 4e vice-président du département. «Quand on est élu, on est d’abord là pour ceux qui vous ont élu. J’ai donc d’abord un devoir de comprendre cette exaspération et ces tensions. Mais on a aussi un devoir d’apaiser, d’expliquer et d’apporter des réponses».

Seulement 7 regroupements familiaux en 2015

C’est bien l’objectif de cet observatoire. Pour sa première réunion, parmi les sujets à l’ordre du jour, se trouvait le rôle de l’office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) à Mayotte qui gère, depuis le 1er janvier 2015, les regroupements familiaux : avec 38 dossiers déposés et 7 acceptés, l’OFII n’est qu’au début de son installation. Il sera bientôt appelé à traiter également de l’asile, de l’intégration et de la «reprise des étrangers malades».

L’observatoire de l’immigration a vocation à se réunir tous les 6 mois. La prochaine réunion abordera «la politique sociale et humaine du département» notamment pour les mineurs. A cette occasion, l’observatoire discutera du travail d’un sociologue qui a mené une longue étude sur les mineurs isolés.

RR
www.lejournaldemayotte.com
*L’observatoire de l’immigration comprend les membres suivants :
1° Le préfet de Mayotte ;
2° Les deux députés élus à Mayotte ;
3° Les deux sénateurs élus à Mayotte ;
4° Le président du conseil départemental de Mayotte ;
5° Le président de l’association des maires de Mayotte ;
6° Le président du tribunal de grande instance de Mayotte ;
7° Le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Mayotte ;
8° Le vice-recteur de l’académie de Mayotte ;
9° Le directeur départemental de la police aux frontières de Mayotte ;
10° Le directeur départemental de la sécurité publique de Mayotte ;
11° Le commandant du groupement de gendarmerie de Mayotte ;
12° Le directeur de la caisse générale de sécurité sociale de Mayotte ;
13° Le directeur de la caisse d’allocations familiales de Mayotte ;
14° Le directeur de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Mayotte ;
15° Le directeur de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale de Mayotte ;
16° Le directeur des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi de
Mayotte ;
17° Le directeur territorial de Pôle emploi ;
18° Le directeur de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt de Mayotte ;
19° Le directeur régional des finances publiques de Mayotte ;
20° Le directeur régional des douanes de Mayotte ;
21° Le directeur de l’agence régionale de santé ;
22° Un représentant de la chambre de commerce et d’industrie de Mayotte désigné par le président de la chambre de commerce et d’industrie territoriale de Mayotte ;
23° Un représentant de la chambre des métiers et de l’artisanat de Mayotte désigné par le président de la chambre des métiers et de l’artisanat de Mayotte ;
24° Le directeur de l’INSEE Mayotte ;
25° Trois personnes qualifiées désignées par le préfet.

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