Ce 21 janvier, la ministre Pau-Langevin a présenté ses vœux aux Outre-mer, en présence de François Hollande. A l’issue, elle a répondu aux journalistes du JIR qui l’interrogeaient notamment sur la situation de Mayotte, « qui semble épouvantable ».
Une année polychrome qui convient bien aux Outre-mer, à écouter la ministre qui souhaite que 2016 soit à la fois « l’année de la jeunesse » en Outre-mer, mais aussi celle de la « santé », de « l’emploi », et de « l’égalité ».
Pour la ministre, « 2016 va être l’année de la jeunesse des outremer « . Elle a notamment insisté sur la nécessité de pouvoir « offrir à chaque élève une classe et l’accès à un repas, à Mayotte comme en Guyane », « former les 7.000 jeunes réunionnais qui chaque année arrivent sur le marché du travail à un métier correspondant au besoin des entreprises locales » ou accompagner les jeunes du Pacifique « dans leurs projets de création d’entreprise ».
Dans une interview accordée au JIR de La Réunion, la ministre s’adresse aux entreprises et les invite, après avoir « pris un bol d’air » avec la reconstitution de leurs marges, à préciser ce qu’elles vont pouvoir faire pour améliorer la situation de l’emploi dans nos départements et territoires d’Outre-mer.
Addictions à la drogue en Outre-mer
La nouvelle année doit aussi être celle « de la santé outre-mer », souhaite la ministre, rappelant que « de la drépanocytose au Sida, du chikungunya à la Réunion et aux Antilles à l’épidémie de zika qui a frappé la Polynésie française et se répand aujourd’hui dans les Caraïbes, nous connaissons l’exposition des outre-mer aux crises sanitaires ».
Elle a annoncé pour « les jours à venir une stratégie nationale de santé outre-mer », centrée autour de la prévention des grossesses précoces et « la gravité des addictions à la drogue dont tant d’ultramarins sont encore les victimes. »
Pour le JIR, elle est revenue sur la situation Mahoraise, qu’elle compare avec la situation des Antilles dans les années 50, tout en critiquant l’interview de Mansour Kamardine dans le Figaro : « Le rapport de la Cour des comptes relate des difficultés que nous connaissons bien, pour autant, ce n’est pas très souhaitable d’en faire des grands titres, d’essayer d’ameuter les foules. Que veut-on dire par là ? Que la départementalisation de Mayotte n’était pas très souhaitable ? »
« A Mayotte, la situation semble épouvantable »
Tout en précisant que les autres gouvernements n’ont pas fait mieux, la ministre reconnaît des problèmes, et parle d’un « coup de pouce » à donner à Mayotte « pour qu’elle avance dans la voie de l’égalité ». Le terme « coup de pouce » paraît bien faible au regard du constat que la ministre dresse ensuite : « La situation semble épouvantable, évidemment. Les enfants livrés à eux-mêmes, les écoles surchargées, les bidonvilles… Oui. Par rapport à ce qu’ont connu les Antilles dans les années 1950, on peut se dire que les Mahorais refont tout le parcours de manière accélérée aujourd’hui… »
L’erreur de la départementalisation brutale qui a gommé les prérogatives des cadis et leur rôle de médiation sociale, est actée dans sa bouche, mais « on n’a pas encore trouvé des structures de médiation qui soient compatibles avec la société mahoraise et acceptables pour nous », déclare-t-elle.
La réponse pour Mayotte, c’est bien sûr le plan Mayotte 2025, « Nous nous sommes donnés dix ans. Plutôt que de pleurer, il faut qu’on s’en tienne à notre démarche. » Mais pendant ce temps, la situation d’insécurité s’aggrave chaque mois.
En matière d’immigration, la ministre ne peut que faire le constat du nombre de reconduite à la frontière, « autant que dans le reste de la France », mais ne peut évidemment pas proposer de solutions miracle, seulement évoquer la difficile coopération avec les Comores, « nous avons vu l’an dernier avec les jeux des îles que nous sommes dans une sorte de jeu de rôle ».
Un petit espoir : « Nous allons avoir dans la commission de l’océan Indien une voix plus importante et nous devons lancer des opérations concrètes pour améliorer la vie des gens. Sans ça, sans supprimer cet appel à la migration, on n’y arrivera jamais. »
A.P-L. avec le JIR
Le Journal de Mayotte