Retour sur le feuilleton de la manutention du port de Longoni. L’armateur marseillais CMA-CGM travaillait jusqu’alors avec l’opérateur de manutention historique du port de Longoni, la SMART. Mais il lui avait préféré il y a deux mois le gestionnaire du port MCG, qui avait investi dans 3 grues, obtenant ainsi une défiscalisation. Les dirigeants de la SMART se sont donc rendus à Marseille pour essayer de reconquérir des parts de marché.
Mais comme nous l’avions anticipé, c’est sur le mode «pas d’AOT*-pas de contrat» que les dirigeants de CMA-CGM attendaient la SMART. «Un entretien négatif puisqu’ils nous ont annoncé qu’ils ne peuvent pas négocier avec une société qui n’a pas de titre», rapporte Arlette Henry, co-gérante de la société mahoraise, qui se demande pourquoi ils ont été conviés dans les bureaux du Quai d’Arenc. Un titre qu’ils ne peuvent précisément obtenir que des mains de MCG qui se pose en manutentionnaire concurrent.
A ce sujet, un conseil portuaire devrait se tenir le 11 février (le précédent avait été annulé faute de quorum) pour donner un avis sur la Convention de partenariat signée le 23 décembre dernier entre MCG et SMART, sous le haut patronage du préfet et du président du département. Ce dernier doit alors le valider, ce qui suppose la délivrance par MCG d’une AOT pour la SMART, et en retour, la mise à disposition du personnel de manutention chez MCG.
Réunion vendredi avec le personnel
Sera-ce suffisant pour séduire CMA-CGM? «Ils sont prêts à discuter si nous obtenons un titre, mais qu’ils lient malgré tout à la décision d’expulsion du tribunal administratif», explique Arlette Henry, qui leur a fait remarquer que la décision de recours n’avait pas encore été rendue. Vu depuis Marseille, il y a deux manutentionnaires au port de Longoni, dont l’un n’a pas les autorisations d’exercer. Manu Port, filiale de MCG non plus, mais le contrat aurait été modifié en faveur de MCG.
Pendant ce temps, MCG décharge les navires CMA-CGM et les salariés de la SMART ont sorti les appareils photo lors de l’épisode de forts vents qui vient de balayer Mayotte: chute de containers entassés et container frigo servant de nacelle pour hisser le personnel, ont été flashés.
De leur côté, les dirigeants de la SMART reprennent l’avion pour Mayotte demain, «et vendredi nous allons tenir une réunion avec le personnel pour leur annoncer la mauvaise nouvelle.» En voyant s’éloigner 70% de son chiffre d’affaires, la SMART ne peut en effet plus garder ses 190 salariés: «Nous travaillons un bateau le 5, et nous n’avons plus rien ensuite jusqu’au 25.»
Rendez-vous donc le 11 février pour les décisions du conseil portuaire, mais la SMART reste très fragilisée.
Anne Perzo-Lafond
Le Journal de Mayotte
*AOT : Autorisation d’occupation du territoire, en l’occurrence, portuaire